Soixante millions de mobilisés, neuf millions de morts et d’innombrables blessés. Physiques ou psychologiques et parfois même les deux. Une guerre rude, intense qui, en plus du génocide arménien, de la bataille d’atlantique et de la révolution russe, a décimé une partie de la population mondiale.
Sur ces soixante millions de mobilisés s’affrontent différentes façons de faire la guerre.
Il y a celle de tranchées, de position, cette paralysie physique qui épuise les soldats et achève leurs conditions de vie. Provoquée par la révolution de la puissance de feu, ce fût sans doute, une des guerres les plus sales.
Il y a la guerre tactique, entourée de généraux où chacune des décisions peuvent enterrer le destin de soldats, où chaque manœuvres, peuvent, à leurs juste mesure, retourner l’issue d’une guerre, le destin d’un pays et d’un peuple.
À chaque situation il y a une guerre.
Et la guerre psychologique alors ? Pour autant est-elle une guerre ? Et le courage dans tout ça ? Est-ce qu’être courageux c’est forcément être au front ? Une arme à la main ou du plomb dans la tête ?
Peut-être que deux poilus détiennent la réponse.
Alfred Richy et Camille Muller, à leur façon, ont fait la guerre. Retrouvés bloqués dans un village français aux mains allemandes, ces deux amis, qui prévoyaient pourtant de ne rester cachés que quelques jours tout au plus, vont devoir allonger leur séjour. Dans ce grenier, à quelques mètres des allemands qui n’accordent aucune pitié aux français terrés, ils vont y rester … quatre ans. Soit 1526 jours.
Dans leur regard se lit la peur, l’ennui, l’impatience, la faim, la retenue mais avant tout le sentiment de liberté, qui les poussent à restés cachés plutôt qu’à se livrer à l’ennemi. Une lutte pour leurs droits, même loin du combat. Celui-ci n’est pas physique non, il n’est pas sanglant non plus, mais à sa manière est inhérent aux même valeurs. La liberté, l’affranchissement, le bonheur, la joie et surtout la paix. Une paix qui se veut lente à pointer le bout de son nez, une paix qui pousse les poilus dans leurs derniers retranchements.
Quatre ans de prison consentie, 1526 jours d’espérances, des mois de croyances en une victoire éclair qui abrégerait leurs souffrances.
Dominique Zachary nous livre ici l’extraordinaire «documentaire» sur le journal intime d’Alfred Richy. Ce récit poignant et bouleversant met en scène tout un tas de valeur et une amitié que seule la mort pourra séparer. La brillance de l’auteur nous amène encore plus loin que le journal intime lui-même et nous fait découvrir le destin des deux poilus après la guerre. Cette amitié aussi solide qu’immuable.
Quatre ans cachés dans le grenier, il m’en faudra bien plus pour oublier ce livre…
216 Pages
Éditions Jacob Duvernet
Ludo