Je vous ai déjà, par le passé, parlé de mon admiration pour William T. Vollmann. Les fusils est très certainement un des livres qui m’a le plus marqué et je peux le relire indéfiniment sans me lasser. Mais dans l’univers au combien tordu et atomisant de ce cher Vollmann il y a un roman issu de sa trilogie sur les prostituées qui est très certainement le plus représentatif de son univers et en fait une œuvre unique. C’est un pavé (1315 pages !) mais le genre de pavé que vous allez flinguer plus vite qu’un roman de 300 pages.
Famille Royale c’est le nom d’un clan de prostituées de San Francisco, dans le Tenderloin. Un clan ravagé par le crack et gouverné par la « reine » des prostituées. Cette « reine » est le centre de l’affaire, car Henry Tyler, détective privé, frère d’un avocat (John) et secrètement amoureux de la femme de son frère (Irène), est chargé par un homme d’affaire de trouver et lui livrer « La reine » pour son bordel virtuel à Las Vegas.
Mais voila trouver « La reine » a un prix ! Et Henry Tyler, qui est accessoirement neurasthénique, va le payer en tombant dans un premier temps amoureux d’elle, puis en étant intégré à la famille royale. Démarre alors pour lui une plongée dans un univers rempli de crack, de sexe, de valeurs familiales et même de shamanisme.
Il a toujours été dit que William T. Vollmann est un auteur obsessionnel, qui vit littéralement ce qu’il raconte. Il est parti pour le pôle nord quand il écrivait « Les Fusils », Fukushima quand il a écrit « Fukushima » ou même l’expérience « Hobo » pour le « Grand partout ». Mais à la lecture de « La famille royale » on se demande si Vollmann ne va pas devenir fou à force de vivre ses expériences.
Car l’univers au combien romanesque et psychédélique de « La famille royale » a cette volonté qu’a le crack sur un drogué, vous faire retomber dedans et ne plus vous lâcher. Une fois plongé dedans vous allez vous surprendre à penser à ce livre, à vouloir connaître la suite, à comprendre les sous-entendus et les non dits, l’obsession guette à chaque ligne et cette histoire vous dévorera aussi vite que vous le lirez.
Pas facile d’accès, mais, comme vous l’avez lu plus haut, hautement addictif, ce roman est avant tout une expérience unique, une œuvre qui se vit. La traduction ultra soignée de Claro renforce l’univers définitivement barré et sans limite de William T. Vollmann car une traduction plus chiche aurait pu nous faire passer à coté d’un monument. Un chef d’œuvre !
1350 pages
Babel, Collection Lot49 pour le grand format
Ted