Kamiyadori. Ce mot désigne les infectés, les humains qui n’arrivent pas à résister au mystérieux virus auquel ils ont été exposés. Les forces spéciales d’intervention sont alors chargées de les exterminer, même si cela doit entraîner des victimes collatérales. Pour un contaminé tué, il y a en effet dix fois plus de civils tués et vingt fois plus parqués dans des zones d’isolement! C’est dans ce contexte particulier que l’on suit Gile, un “squadra” ou agent d’élite, et Vivi, surnommé “gadget”. Ils forment la brigade 1 des forces spéciales d’intervention, et vont se retrouver confronté aux kamiyadori dans toute leur horreur.
Il existe en effet des médicaments qui peuvent empêcher la transformation, mais comme dans notre monde, ceux-ci sont chers et réservé à la classe supérieure de la population. C’est donc parmi les pauvres que l’on trouve le plus de contaminés et le plus de personnes placées en quarantaine. D’autant que des dealers n’hésitent pas à tirer leur épingle du jeu en vendant de faux médicaments.
Rarement manga nous aura autant renvoyé à notre propre image au travers du prisme de la fiction. Un monde à deux vitesses, dans lequel les riches disposent de la santé alors que les pauvres tentent de se procurer les produits leur permettant de vivre.
Le style graphique représente bien la noirceur de ce monde dont la joie et l’optimisme semble avoir été broyés et aspirés au loin. Tout respire la tristesse et le désespoir: les décors, les personnages qui semblent être résolus à leur sort (mention spéciale aux orphelins du tome 1). L’auteur brille également dans la mise en scène des séquences d’action, aussi nombreuses que brillantes.
Kamiyadori nous donne à voir l’horreur de notre propre monde et souligne les bas instincts de l’homme, qui ne s’éteindront probablement qu’avec l’espèce humaine. Un manga aussi sombre que brillant, dont la lecture est prenante et où toute ressemblance avec des situations réelles serait tout sauf fortuite!
Editions Kurokawa
5 tomes (série finie)
Jérémy