Polars, philosophie et critique sociale – Philippe CORCUFF
Parce que de temps en temps, on a envie de chroniquer des livres qui ne rentrent pas dans les “cases” prévues à cet effet sur le site. Parce qu’on a des coups de coeur pour autre chose que des romans, des manga ou des livres historiques.
En l’occurrence ce flash a eu lieu pour un essai philosophique!! “Encore un truc pompeux pour intello qui se la pète” ai-je entendu au fond! Alors je vais répondre non… mais un peu.
Non parce que l’approche de l’auteur, Philippe CORCUFF, est très didactique. Il amène ses théories délicatement, tellement qu’on pourrait presque s’imaginer les avoir pensé soi-même. Les sujets pouvant paraître les plus pompeux sont explicités de manière douce et progressive, tels qu’on aimerait se les voir enseignés dans les cours de philo de lycée ou de fac. Cet essai nous apprend comment, non contents de raconter de très bonnes histoires policières, les polars se font miroir de la société qui les voit naître, témoins de leur époque et du mal-être des populations qui traversent leurs pages.
Il reste le “mais un peu” de ma critique. Oui en effet malgré tous les efforts de vulgarisation, certains termes peuvent paraître obtus pour un public qui n’a jamais été passionné par la philosophie ou la sociologie. Bien sûr, il n’est pas nécessaire d’avoir un BAC+5 en philosophie ou d’avoir lu l’intégrale des oeuvres de Nietzsche, mais quelques bases rendront service et permettront de mieux s’imprégner du livre.
A noter que la seconde partie du livre regroupe des articles publiés par l’auteur qui rapprochent un extrait de polar ou une oeuvre complète de l’actualité de l’époque. Ce passage peut paraître redondant car nombre de textes et de passages sont également traités dans le corps du livre mais il permet de voir que l’on peut rapprocher les polars de toutes les époques (ou presque) avec l’actualité (les articles ont été publiés entre septembre 2005 et juillet 2013).
Si vous aussi vous voulez voir les polars que vous lirez d’un oeil nouveau, vous dire que vous ne lisez plus un bon roman policier mais que vous êtes témoins de la décrépitude et du désarroi d’une époque, alors glissez ce livre entre un Dennis LEHANE et un Roger Jon ELLORY.
Editions Textuel
208 pages
Jérémy