Sunk est une île, une petite étendue de terre frappée d’un mal étrange. L’île descend (ou l’eau monte, nul ne le sait) et les régions les plus basse de l’île n’ont plus que peu de temps avant que leurs habitants ne servent de nourriture aux requins. Alors, dans le Village, le maire prépare une grande expédition afin de rechercher de l’aide au-delà de la ceinture de nuages, d’où nul n’est jamais revenu. Sébastien et Arnaud, deux frères dont les relations sont pour le moins tendues, décident d’intégrer un groupe d’explorateurs. Mais ce voyage leur réservera bien des épreuves.
Ce livre est une ode à la poésie burlesque, au non-sens complet. Il est de ces livres que l’on ouvre pour en lire quelques pages et en rire de bon cœur. Les Monty Python auraient pu se trouver des points communs avec les auteurs français. Les personnages, les situations, tout est drôle, inconcevable et aberrant. Les personnages sont plus pittoresques les uns que les autres, entre morts ne le restant pas et amoureux des taupes. Pourtant, plus l’histoire avance, plus le rire devient dur, jaune.
Pourquoi, vous demandez-vous sans doute! Parce qu’on se rend compte que l’île est notre monde, que nous sommes ces habitants tentant d’échapper à l’inéluctable. Le Sémaphore est un Dieu désabusé, lassé d’avertir de la fin des gens qui s’en moquent bien tant qu’elle ne touche que les autres. Les Villes sont des visions de nos défauts. Bienvenue dans un monde où la religion ne sauve pas forcément, où avoir des croyances n’apporte rien de plus que de les rejeter en masse. Bienvenue en un lieu où les forts ont souvent raison, en un endroit dans lequel on laisse les gens mourir tant qu’on ne meurt pas soi-même. Bienvenue chez nous!
Fabrice Colin et David Calvo manient la satire comme peu de gens savent le faire, qui plus est en France! Ils nous rejettent à notre propre vacuité, à cette fuite en avant perpétuelle que nous appelons la vie. Un livre majeur, dont le monologue final est sans doute l’un des moments les plus poignants que j’ai vécu en tant que lecteur!
Editions les moutons électriques
190 pages
Jérémy