John Hunt est un éleveur/dresseur de chevaux, il possède un ranch et travaille avec son vieil oncle. Habitant dans le grand Ouest américain, ces deux hommes vivent reclus et simplement. Mais voila John et Gus (l’oncle) sont noirs, et vivent dans le grand Ouest des blancs. N’ayant jamais eu à subir d’affront sur leur couleur de peau, leur quotidien va être ébranlé le jour où un homosexuel sera retrouvé mort au milieu de nulle part, et la vache d’un fermier indien exécutée, « nègre rouge » inscrit avec le sang du bétail à côté.
« Blessés » est un polar, un roman noir ou un roman sur l’Ouest américain voir un western moderne. « Blessés » est un livre sur les chevaux et le rapport de l’Homme avec l’animal. Mais surtout « Blessés » est un roman sur les défaillances et les blessures que l’Homme engendre à l’Homme. Que ce soient le racisme, l’homophobie, le deuil ou l’absence toutes ces caractéristiques qui font de l’Homme le plus grand ennemi de l’Humanité et de son environnement se retrouvent dans l’univers de John Hunt. D’ailleurs Percival Everett a une très fine analyse dans le roman quand il parle de l’adoption d’un coyote en disant que le personnage est obligé de lui faire subir tout une batterie de vaccins pour pouvoir vivre aux côtés des humains alors que dans la nature le coyote n’en aurait pas besoin. Mais c’est aussi dans l’humanité peu à peu retrouvée d’un seul homme que l’on va voir tout le long de ce roman la foi en l’Homme réapparaitre, et que ce soit un homme noir vivant au pays des blancs racistes n’est pas anodin.
Percival Everett arrive à se réapproprier les codes du western contemporain à travers son roman. Lorgnant du coté d’un certain Jim Harrison, l’auteur arrive néanmoins à transcender le genre en apportant cette constante touche d’humanité qui fait souvent défaut dans les romans les plus récents de Jim Harrison. Percival Everett est définitivement un auteur multi-facettes et talentueux dans le fond et la forme, un auteur à suivre qui aura toujours quelque chose d’intéressant à nous raconter.
Ted