Magicien: si de nos jours cette vocation a perdu de son éclat, les années 1890 à 1930 ont vu des prestidigitateurs qui ont émerveillés des milliers de spectateurs grâce à des représentations et des mises en scènes d’une grande inventivité. Harry Houdini, James Randi ou encore Charles Carter, autant d’hommes de scènes qui ont marqué l’histoire du spectacle et laissé derrière eux des tours légendaires. C’est cette grande épopée que David Gold retranscrit dans son dernier roman, distillant l’ambiance nostalgique et pleine d’innocence et d’émerveillement de ce début de décennie, lorsque la télévision n’existait pas encore et que les hommes de scènes étaient à leur apogée.
1923, le président des Etats-Unis Warren G.Harding se rend à le représentation du célèbre Carter le Grand et participe à l’acte clôturant le spectacle; Carter contre le Diable. Apothéose complète, grand bouquet final au cours duquel le dirigeant est découpé en plusieurs morceaux devant les yeux d’un public ébahi, pour finalement revenir saluer la foule sain et sauf en un seul morceau.
Mais 2 heures après, son corps sans vie est retrouvé dans sa chambre d’hôtel. L’agent Griffin, des services secrets, se lance alors à la poursuite de l’illusionniste, principal suspect dans cette enquête pleine de zones d’ombres et de mystères plus étranges les uns que les autres. Mensonges, secrets, passé obscur et tragique, l’illusionniste a en effet le profil du parfait filou. Et en plus, il vit de ça; escamoter des éléphants de scène et disparaitre dans un nuage de fumée.
Au coeur des Etats-Unis rythmés par l’entrain des années folles, une course-poursuite endiablée commence alors, et la frontière entre l’impossible et le réel devient de plus en plus floue, pour le plus grand plaisir des lecteurs.
David Gold ponctue son roman de personnages ayant réellement existé et ne lésine pas sur les détails, créant ainsi un décor riche et des identités approfondies; chaque protagoniste a son signe particulier, son caractère propre et possède une réelle dimension psychologique: l’enfance de Carter, sa révélation et sa passion pour la magie, son ascension laborieuse vers le succès ou encore son décalage avec le reste de sa famille sont autant d’éléments qui rendent le magicien sympathique et amical aux yeux du lecteur.
Le roman fourmille de faits historiques se fondant avec une fiction entrainante, de descriptions de lieux et d’actions, d’énigmes qui s’entrecroisent et s’assemblent sans aucune lourdeur et même avec brio. En effet, l’auteur a rassemblé une importante quantité de documents pour se renseigner au maximum sur cette période et sur ses protagonistes, afin de retranscrire avec le plus d’authenticité possible l’atmosphère de cette époque pleine de fraicheur et surtout pour partager et faire redécouvrir le fabuleux talent de son personnage principal.
Car le véritable coup de maitre de David Gold est qu’il permet au lecteur de remonter le temps et d’assister réellement aux gigantesques spectacles de la carrière du prestidigitateur, sans en révéler toutes les ficelles; l’émerveillement des spectateurs d’antan rejaillit et vient littéralement imbiber ces pages.
Mélange parfaitement dosé de polar, de biographie et de manuel de magie, Carter contre le Diable a plus d’un tour dans sa manche et ne cesse d’agréablement surprendre tout au long du récit. Le fil narratif n’est jamais répétitif ou ennuyeux et promet un beau moment de lecture a qui le lira!
Super 8 éditions
814 pages
Caroline