1843 – Salomon Balthazar, premier comte de Greystoke, occupe aristocratiquement son manoir anglais, en compagnie de ses amis, Marie-Paule Dorgerens, marquise de M., Ilse Von Bohra, Friedrike Haüffe et Belà Bartoszan. Poésie, littérature, politique, tout sujet de conversation est bon à nourrir l’intellect vif de ces représentants d’une noblesse en déclin. Et entre deux disputes, un saut au village pour se rafraîchir le gosier au cou d’une jeune fille ou d’un vigoureux paysan. Certains vieux de 3 ans, pour d’autres cela se compte en siècle, ces nobles créatures de la nuit vivent en totale autarcie, loin de se préoccuper de la vie des mortels ou de leurs semblables, aidés dans leur quotidien par le bon et fidèle Edward, valet du comte.
Mais le monde se rappelle à eux lors d’une journée de sommeil, sous la forme d’un quatrain qui les visite tous dans leurs rêves. Hantés par ces mots et leur prégnance dans leur esprit, ce ne sera que le début d’une intrusion mystérieuse dans leur vie. D’abord deux mortels du voisinage, se disant poète et journaliste, puis un groupe de leurs semblables aux intentions plus que malveillantes, il n’est plus question de tergiverser: quelque chose se trame, ils le sentent tous et le poème en était l’avertissement. Nos cinq noctambules partent donc pour un périple incertain, d’Angleterre à paris, puis jusqu’à Tübingen, sur les traces, qui sait, d’une société secrète, d’un groupe mystérieux qui souhaite bouleverser le cours du monde? Une chose est sûre, la toile tissée est serrée, et chaque découverte apporte son lot de questions, tel un tarot qui se révèle dans l’ombre.
Le peuple de Mü, jeune maison lyonnaise, nous fait un plaisir immense en éditant Alfred Boudry. On vous en avait parlé ici, avec La bibliothèque nomédienne, et là pour Exploration totale, paru également chez Le peuple de Mü.
Si son talent de conteur n’est plus à prouver, son ingéniosité et son goût pour l’expérimentation littéraire est sans limite! Après avoir réussi, avec La Bibliothèque nomédienne, un livre tiré d’un atelier d’écriture avec une fluidité et une unité impressionnante, puis un livre court mais d’une intensité extraordinaire, il s’essaie ici à nous romancer une partie.. de jeu de rôles! Tiré d’une campagne selon les règles de Vampire-La mascarade, Le sang de Robespierre est donc (presque) une histoire vraie! Et le résultat est un vrai plaisir!
Tandis que la vieille Europe tremble sur ses fondations après la Révolution française, une troupe de vampires se retrouve embringuée dans une course contre la montre pour sauver leurs vies, et peut-être bien découvrir la vérité (si tant est qu’il y en ait une) sur les événements de la Révolution. Société secrète, morts-vivants en stand-by, poètes maudits, sibylles, médium manipulatrice et lames de tarot entourent les précieux mystères des grandes figures révolutionnaires… Qui étaient vraiment Saint-Just et Robespierre? Fouché et Talleyrand? C’est un formidable roman d’aventures et de quête, qui va de rebondissements en surprises. Chaque pages, chaque chapitre (ou plutôt chaque lame) amène son lot de suspense, de fausses pistes et de révélations. Mais Alfred Boudry, comme dit plus haut, est non seulement un très bon conteur, mais aussi un excellent écrivain, et chaque page de ce roman est un plaisir de lecture. Plein d’humour, de poésie et de style, construit de manière ingénieuse et fruit de nombreuses recherches, Le sang de Robespierre est un roman historique et fantastique passionnant, qui n’aurait pas à rougir à côté du Cimetière de Prague, par exemple. Pas besoin d’être rôliste pour apprécier cette aventure folle, mais les amateurs, et les non-initiés, risquent bien de vouloir rejoindre la table de jeu de Maître Boudry, pour y vivre toutes sortes d’histoires!
510 pages
Lepeupledemu.fr (disponible en numérique)
Marcelline