Auteur assez méconnu du grand public Geoffrey Claustriaux a pourtant de quoi faire pâlir un bon auteur de science-fiction.
C’est avec un timide roman “Les Royaumes Éphémères” que cet auteur a commencé à se faire un nom dans le milieu.
Le voilà aujourd’hui publié par les éditions Terre du Brume pour son dernier roman “Chroniques de l’Après-Monde”.
En surface le monde n’est qu’une terre hostile et oubliée, l’étreinte glacée de la mort se répand et sème dans son sillage cadavres et désolation. Un quotidien impossible pour l’homme qui après guerres et bombes nucléaires a décidé de continuer son existence six pieds sous terre.
La jeune Casca, ultime survivante d’un virus mortel, doit désormais vivre seule dans la station souterraine.
Le jour où le système de survie rend l’âme la jeune Casca n’a plus le choix. Remonter à la surface.
S’engage alors pour elle une quête pour la survie où la vérité et le mensonge se confrontent, une terre peut-être pas si désolée que ça…
Intelligent et prenant.
Visionnaire dès les premières pages et imagé dans la seconde partie «Chroniques de l’Après-monde» reprend un des grands thème de la science-fiction : le post-apocalyptique.
Surfant sur les idées de « Silo » sans pour autant tombé dans la lenteur de ce dernier, Geoffrey Claustriaux rend l’idée plausible à l’aide d’un savant mélange de science-fiction et d’idée politiquement contemporaine. Le concept de domination militaire par l’ATAN (Alliance Totale de l’Atlantique Nord) et le CARA (Coalition Afro-Russe Asiatique) est surprenant de réalisme. Pourtant développé en quelques lignes seulement ce concept étrange et plausible à la fois commence à rendre le récit pragmatique. Oui, tout ça en quelques lignes, c’est dire si l’auteur en a sous le coude !
«Les activités récréatives dans cette forteresse souterraine étaient fortement limitées. De fait, nous jouions souvent à cache-cache ou au jeux de dés, mais ce que nous préférions était de loin les jeux de rôles. En effet puisque nous ne pouvions pas voir le monde extérieur et que nous n’en connaissions que les informations contenues dans la banque de données, nous avions décidé de le recréer en interne.»
«Chronique de l’Après-Monde» se lit en deux temps.
Les premiers chapitres « claustrophobiques » décris par la protagoniste et son quotidien anarchique servent efficacement de tremplin pour la suite… et quelle suite !
Lorsque Casca pose le pied dehors l’auteur prend alors toute son aise et dévoile tout son potentiel littéraire à grand coups de descriptions, d’aventures et de rebondissements tout aussi bien équilibrés les uns que les autres. Des tréfonds des cités dégueulasses aux déserts arides et meurtriers l’arsenal de l’auteur est en marche et rien ne semble l’arrêter.
Au fur et à mesure des pages, pendant que l’écriture gagne en maturité, un paradoxe tend à se mettre en place. D’un côté la lourdeur du thème mine l’humeur du lecteur et de l’autre la fraîcheur de Casca la ravive. Un constant yoyo savamment bien pensé et franchement original. L’orientation « journal intime » de l’auteur rajoute une touche intimiste au livre et permet d’adopter plus facilement les valeurs entretenues par la jeune Casca.
Toutefois Geoffrey Claustriaux joue dangereusement la carte du déjà vu…
Le post-apocalyptique on commence à connaître et l’idée façon Hugh Howey a de quoi refroidir. Passé cet à priori on se prête au jeu et on laisse ce «page-turner» faire son affaire. L’écriture est fine, les descriptions prenantes et les idées intéressantes.
«Chroniques de l’Après-Monde» se veut être une fraîcheur parmi tant d’autres et c’est avec mérite qu’on laisse l’auteur prendre place à côté des grands.