Faisant suite à « Limonade et autres nouvelles”, paru chez Les Allusifs, « Bons baisers du pays des Hypocrites » continue d’exhumer les nouvelles de Timothy Findley. Les Allusifs pourraient bien créer la surprise en cette fin d’année en nous permettant de découvrir un auteur talentueux.
« Un vendredi de l’été 1960, madame Lewis fut amenée sur la plage par sa fille Elvira et par son infirmière, mademoiselle Cunningham. Elle m’aperçut du coin de l’œil, se tourna pour me voir bien en face, me lança un regard de reconnaissance et d’au revoir, me choisit pour être celui à qui des yeux elle adressait ses adieux au monde – et mourut. »
Je ne connaissais pas l’univers de Timothy Findley, je le découvre par l’intermédiaire de ce second recueil de nouvelles publié par la maison d’éditions Les Allusifs. L’auteur dans un style d’écriture très classique, quasi néo-gothique par moment offre une vision d’un monde désabusé, enclin à l’absurde, à la déraison et à la folie. Offrant quasi-systématiquement un point de vue extérieur, comme le témoignage d’un narrateur plus ou moins proche de l’histoire ou carrément dans un point de vue omniscient le lecteur traverse sept histoires, sept mondes sans apparentes connections si ce n’est ce sentiment d’irréalité qui nous habite durant la lecture de ce recueil.
« Certaines vies
Sont observées
A travers des fen^tres
Qui rendent
L’apparence
Du rire
Et celle du hurlement
Impossibles à distinguer.
…il n’y a pas de commencement, pas même pour les histoires. Tout ce qu’il y a, ce sont des moments auxquels on entre dans la vie de quelqu’un et y reste, ou se détourne et en ressort. »
Timothy Findley durant ses courtes histoires est enclin à la malice et à l’amusement, tel sur un grand échiquier, il place ses personnages et les fait vivre dans des contextes absurdes ou loufoques, des rencontres fortuites ou improbables, mais surtout il arrive à donner la sensation de les laisser vivre, comme si ce que nous lisions devenait spontané.
Une belle découverte pour un auteur pas assez connu en France. Un recueil réussi, mention spéciale pour « Le livre des épingles », « A même le silence » et la nouvelle qui a donné le nom au recueil « Bons baisers du pays des hypocrites ».
Ted