Jeff Lemire sort un « one-shot » des plus intéressant chez Urban Comics, un conte spatial, labyrinthique et intemporel, une petite réussite.
C’est l’histoire de la rencontre entre la botaniste Nika Temsmith et l’explorateur William Pike. C’est l’histoire de la rencontre entre un homme et une femme, d’un coup de foudre qui n’aurait jamais dû exister. C’est l’histoire de deux mondes qui n’auraient jamais dû se croiser, mais pourtant le destin en décide autrement.
Nika vit dans une base aux confins de l’univers, en 3797, elle étudie des mystérieux aliens, et cherche une plante « Trillium » pour éventuellement sauver l’humanité du fléau viral que l’on nomme « La crépine », les colonies humaines disséminées aux quatre coins de l’espace tombent les unes après les autres, aucune personne n’en réchappe, l’Homme est voué à disparaître. Mais, car il y a toujours un mais, un espoir, démesuré s’est fondé sur cette mystérieuse fleur la « Trillium ».
William Pike quant à lui est un explorateur, traumatisé par la guerre qu’il vient de vivre, souvent sujet à des crises de tétanies et de violents flashback, il a accepté de partir à la conquête des mystères du Pérou dans l’espoir de redevenir un peu lui-même. J’ai oublié de préciser qu’il vit en 1917.
Comment vont-ils se rencontrer, communiquer, s’aider et s’aimer cela reste à découvrir et je ne vais pas tout vous dévoiler non plus.
Dans un style graphique minimaliste, aux couleurs presque pastels, l’auteur/dessinateur ose s’affranchir des codes de la BD pour nous promener dans son histoire, nous malmener par une mise en scène audacieuse – attendez-vous à retourner votre BD dans tous les sens – histoire originale que l’on pourrait apparenter à quelques tragédies grecques, au récent « The Fountain » de Darren Aronofsky ou encore quelques récits de space-opéra. Mais les influences s’arrêteront là, car Jeff Lemire offre, avec talent, un monde unique, des codes graphiques propres et un scénario audacieux, complet et complexe.
On pourrait parler de space opéra, de récit fantastique ou même d’odyssée intersidérale, mais je retiendrai surtout qu’il s’agit d’une aventure humaine – Bon on est d’accord la télévision nous a gonflé avec ce terme – les obsessions des personnages ne sont pas valeureuses, ils ne cherchent pas à sauver l’humanité ou agir pour le bien de l’Homme, mais Nika et William agissent plus égoïstement, très « humainement » finalement et c’est ce qui donne tout le charme de cette histoire.
Comme je le disais en début de chronique, il s’agit d’un « One-shot » unique et magnifique aussi bien par le traitement graphique que par l’histoire. Jeff Lemire est talentueux et mérite que l’on s’intéresse d’un peu plus près à son univers.
Urban Comics
240 pages
Ted