Il est toujours difficile de parler d’un recueil de nouvelles sans se perdre dans les différentes histoires, sur les différents points de vue abordés ou sur l’abondance et la richesse d’histoires à parcourir ; il est d’autant plus dur de parler d’un auteur peu voire pas connu en France en donnant envie de lire un recueil d’à peine une centaine de page sans rien révéler de son contenu.
« En forme de Cœur » est le premier recueil, à être publié en France, d’Amy Hempel. Cambourakis en cette fin d’année porte au public très certainement une des auteures de nouvelles le plus emblématique de la littérature U.S (oui la presse vous fait le coup à chaque fois, mais fouillez sur Internet pour vous en rendre compte, c’est un monument !) encensé entre autre par Chuck Palahniuk (Monsieur Fight Club pour les intimes) ou encore Alice Munro (La danse des ombres heureuses). Elle fait figure de maîtresse de la nouvelle américaine et a été récompensée du prestigieux titre « Ambassador Book Award ». Donc du lourd et surtout du bon !
« Je veux tout savoir de toi. Alors je te dis tout de moi.
Un médium m’a dit autrefois que j’’étais trop franche. Ce fut la première chose qu’il me dit avant d’avoir retourné ma paume ou une carte. Il ne m’exhortait pas à la duplicité ; je pense qu’il entendrait par là que je devais me montrer « maligne », comme dit un certain genre de femme. »
A travers sept nouvelles – dont une plus conséquente et qui a donné son nom au recueil – c’est un voyage vers des contrés connues de tous mais différentes pour chacun,
Amy Hempel en véritable témoin du quotidien, des manies et de la routine qui rythme nos journées, offre un panel de personnages intéressants et intriguants. L’auteure se positionnant quelque part entre Sam Shepard et Raymond Carver avec ses nouvelles courtes mais percutantes. Dans un style minimaliste, réduisant même les dialogues à leur sens le plus strict, Amy Hempel berce et transporte ses lecteurs dans son monde. Rien n’est superflu, chaque mot est là pour une raison et de ce minimalisme se dégage une vision poétique rythmée par une verve hypnotique.
Je terminerais en félicitant les traducteurs (Jean-Pierre Carasso et Jacqueline Huet) pour la qualité du travail de traduction, une traduction plus grotesque aurait rompu toutes la poésie et la finesse de l’univers d’Amy Hempel.
Ted