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Le mystère de l’inquisiteur Eymerich – Valerio Evangelisti

Dans les années 30, le psychiatre et psychanalyste Wilhelm Reich se retrouve mis au ban de la société psychanalytique dans une Europe où le brun commence à s’étaler, et sera confronté pendant toute sa carrière à l’incrédulité et l’hostilité de ses collègues. Pourtant ce qu’il découvre n’est pas anodin. En étudiant la libido, il découvre d’étranges molécules bleues qui semblent animées d’une énergie vitale inconnue jusqu’alors, mais trimballant avec elles tout autant leur partie mortelle.
Dans un futur proche, une pandémie d’anémie falciforme a ravagé la Terre. De maigres fédérations se sont reconstituées sur le territoire de feu les Etats-Unis, où tout contact entre homme et femme est rigoureusement interdit. Discipline militaire, rigoriste ou plus élitiste, chaque groupe vit avec une idée bien précise et, bien évidemment, totalement fausse, de l’origine de la maladie et de son développement. Mais une mystérieuse organisation, les Enfants du Futur, tente d’ébranler l’ordre établi, malgré les menace de déportation au Lazaret…
En 1356 et bien malgré lui, le grand inquisiteur d’Aragon (et vanille) Nicolas Eymerich accompagne le roi Pierre IV le Cérémonieux dans une guerre contre la Sardaigne. Sa présence est nécessaire car il règne sur les terres sardes de biens étranges coutumes païennes. Le roi-juge Mariano d’Arborée aurait des pouvoirs de guérisseurs, et l’on y pratiquerait avec force conviction et hérésie l’adoration de quelque rite de fertilité et de santé. Mais Eymerich va devoir affronter bien plus qu’un groupe d’hérétiques et va croiser le chemin d’une très ancienne croyance qui risquerait de bouleverser le monde. Ajouter à ça le complot qui se trame contre le roi, et le séjour sarde ne va pas être de tout repos pour le terrible inquisiteur.

Situé chronologiquement en quatrième place dans la saga Eymerich, il est tout à fait possible de le lire indépendamment du reste de la série sans pour autant se perdre. Et cela vaut le coup!
On retrouve dans ce tome toute la dextérité narrative de Valério Evangelisti, qui manie les courants temporels aussi bien qu’Eymerich l’allumage du bûcher. Trois histoires en parallèle, sans rapport apparent les unes avec les autres qui s’entretissent au fil des mots pour finalement ne faire qu’une. On y retrouve les thèmes chers à Evangelisti: un doux et nauséabond parfum post-apocalyptique dans lequel l’humanité se délite, s’individualise et s’oppose. l’histoire contemporaine trouve un formidable personnage principal en la personne de Wilhelm Reich, vrai psychiatre et psychanalyste qui travaillait, d’abord en Allemagne, puis dans les pays scandinaves et enfin aux Etats-Unis sur l’énergie organique. Personnage aussi controversé qu’étrange, Reich ressemble à sa manière au grand inquisiteur, favori d’Evangelisti, qu’il rencontrera lors de séance délirantes.
Et Eymerich, qu’en dire? Ce grand inquisiteur aussi rigide qu’il est malin, aussi fascinant que détestable. L’anti-héros par excellence qu’on devrait détester et pour lequel on tremble à chaque page, chaque péripétie. Luttant pour la sauvegarde et l’intégrité de la foi catholique, il est prêt à tout pour débarrasser la terre des hérétiques qui pullulent et pourrissent le monde.
Ecrivain à facettes, Valerio Evangelisti a créé avec Nicolas Eymerich un grand cycle de roman historique/science-fiction/post-apo/fantastique/ aventure… Il ne cesse de surprendre non seulement de l’apparente simplicité avec laquelle il enroule ses histoires pour nous livrer des corrélations parfaites en fin d’histoire, de la grande inventivité dont il fait preuve, et surtout, sur toute son oeuvre de sa polyvalence et du grand talent avec lequel il nous en fait profiter. On vous avait parlé de Tortuga, qui appartient à une trilogie pirates (« bonjour monsieur l’éditeur, vous croyez que ce serait possible en fait la suite? »), et on abordera bientôt d’autres romans beaucoup plus sociaux et contemporains et tout aussi magistraux. On ne peut que piétiner en attendant que l’oeuvre d’Evangélisti (déjà bien traduite ne boudons pas notre plaisir!) s’étoffe un peu plus sur nos rayons!

Un excellent tome des aventures de Nicolas Eymerich qui prouve, s’il le fallait, le grand talent de Valerio Evangelisti, et l’originalité de cette saga. On est bien peiné de le dire, en y réfléchissant bien, mais longue vie au grand Inquisiteur d’Aragon (et framboise).

le_mystere_de_l_inquisiteur_eymerich_couv298 pages
La Volte

Marcelline

À propos Marcelline

Chroniqueuse/Co-Fondatrice

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