Raymond Garraty est un jeune homme américain sans problèmes. Il habite avec sa mère, son père les ayant quittés. Il vit une relation stable avec sa petite amie Janice. Pour mettre un peu de piment dans cette vie, il décide de participer à la Longue Marche, une épreuve testant l’endurance de quatre-vingt dix-neuf jeunes gens afin de voir qui peut marcher le plus longtemps à plus de six kilomètres et demi à l’heure de moyenne. Il a entendu bien sur les histoires qui parlent de candidats décédés. Il a vu les images de soldats tirant sur des candidats à la télé. Mais pour lui c’est du spectacle pour amuser les gens à la télé. D’ailleurs le prix remis au gagnant est considérable : tous ses vœux sont exaucés. Alors quand les jeunes gens s’élancent, tous sont motivés comme jamais. Mais lorsque les premiers ralentissent, Garraty se rend compte qu’il n’y a pas de spectacle, d’effets spéciaux ou autres effets de manche pour la télévision, juste l’âpreté et la difficulté de la compétition à la vie à la mort. Et tandis que les heures passent, les candidats se jaugent et se testent mutuellement.
Alors oui je veux bien reconnaître que la « nouveauté » de l’oeuvre présentée aujourd’hui est toute relative ! Le livre date en effet de 1979. Alors qu’est-ce qui peut me motiver à chroniquer ce livre aujourd’hui ? Le fait qu’il soit sans doute l’un des tout meilleurs livres de King et paradoxalement loin d’être un de ses plus connus ! Ce paradoxe est cependant explicable : pendant très longtemps il a été publié sous le nom d’emprunt qu’il s’était choisi à l’époque (Richard Bachman) et a donc été quasiment ignoré des fans de Stephen King. De plus la thématique est traitée sous un angle d’attaque très différent de ses autres livres.
En effet, on retrouve certains motifs récurrents déjà apparus chez Stephen King : des enfants obligés de s’adapter face à une situation extrême sous peine d’y laisser leur peau. Sauf que dans ce cas précis, il s’agit d’une compétition dans laquelle ils se sont engagés de manière volontaire et qu’aucun élément surnaturel n’apparaît dans le récit. Non, juste des enfants confrontés à leurs limites, aux limites des autres. En fait la distance qu’ils parcourent à pied est bien moins importante que celle qu’ils parcourent en eux, franchissant les années de maturité tandis que les kilomètres défilent sous leurs pieds. Et tandis que les jours s’égrènent, les esprits divaguent, brassant les souvenirs et fuyant le présent en questionnant leur avenir.
Ce livre est un choc ! Il s’agit d’un vrai grand livre, sans doute mon King préféré. Noir, sombre, féroce, dur, un voyage dont nul ne revient indemne, et surtout pas le lecteur !
Editions Le Livre de Poche
Traduction France-Marie Watkins
379 pages
Jérémy