Deux frères au tempérament fougueux et rebelle intègrent la colonie n°16, elle est aussi leur dernière chance. Il s’agit pour eux de s’y adapter ou d’être confrontés au monde d’au-delà les palissades. L’obéissance ou l’exil, Archer et Zack vont devoir faire un choix. Mais leur choix aurait été plus simple s’ils ne vivaient pas dans un monde tombé aux griffes de la « plaie blanche ».
Lorsque les deux ados arrivent à la colonie, cela fait déjà trois mois qu’aucun désordre n’a été signalé, tout semble calme et s’offre à eux tel un havre de paix. Ce repos est toutefois de courte durée lorsque Liz, personnage féminin secondaire, disparait, ne laissant derrière elle pour seul indice que son propre sang.
Si Gung Ho semble offrir une intrigue de fond somme toute classique, elle est en réalité portée par des personnages séduisants et colorés, incarnant l’effervescence de la jeunesse et le goût de la vie à tout prix. Cette fleur de l’âge savoure les délices d’une liberté rêvée, s’enivre d’expériences amoureuses et se délecte de querelles absurdes d’adolescents. Même si certains d’entre eux sont exécrables, l’ensemble dresse un tableau de belles têtes brûlées expressives, drôles et attachantes.
Mais si « Fort Apache » survit, c’est aussi parce que les adultes savent garder le contrôle. La colonie est en effet régie par un ensemble de règles assurant le maintien de la paix au cœur de la communauté. Car le danger ne provient pas seulement de l’extérieur et tout débordement interne peut engendrer de lourdes conséquences. A cela s’insinuent d’autres dangers, tout aussi terribles : la corruption et la prostitution, cette dernière permettant de s’attirer les faveurs des plus grands pour plonger dans l’oubli et les abysses de la drogue.
La bande-dessinée virevolte avec brio de l’humour à l’horreur sans jamais trébucher et si les personnages sont parfois archétypaux, le réalisme et l’émotion nous parviennent au regard de leur visage.
L’ensemble est sublimé par un graphisme renversant. Impossible de ne pas plonger dans cet univers inondé de lumière et bercé de couleurs vives, contrastant formidablement avec la gravité des évènements. Cette nature éblouissante est comme la résurrection d’un Éden mais peuplé cette fois de créatures assassines.
Deux premiers tomes, turquoise et rose à la tranche orangée survitaminée, annoncent les prémices d’une saga prometteuse qui pétille et crépite. Ce commencement a été également édité en grand format, un luxe qui offre des planches toujours plus imposantes et qui sert admirablement le travail de Benjamin von Eckartsberg.
En résumé, 80 pages d’une beauté à couper le souffle offrant un vrai bel objet au service du genre. A mettre entre toutes les mains !
Tome 1 – Brebis Galeuses
80 pages
Lucie