Un repris de justice, un dur, un vrai, qui après avoir agressé un collègue de son dernier travail en date prend la fuite. Sa route va croiser une station Texaco, et plus particulièrement un homme seul, le braquant et le forçant à monter dans sa propre voiture afin de le conduire où bon lui semble. Mais la victime qui reste très calme et maitre de ses actes lui propose un marché : en échange des trois mille dollars dans son portefeuille il souhaite que son agresseur l’écoute pendant les cinq heures de route qui vont les mener tout droit dans l’Arkansas. Car après tout l’agressé, Geoffrey Webb, mérite son sort et peut-être même plus que ça.
« Je vais vous dire pourquoi je vais aller en enfer. Vous vous rangerez rapidement à l’idée que je le mérite »
Ce premier roman de Jake Hinkson sent bon les bonnes influences à savoir le maitre Jim Thompson, ses ambiances noires et sa vision désabusée de l’être humain. On retrouve ce même souci de réalité crue et cette même noirceur chez ce jeune auteur. Fils de parents baptistes pratiquants (père diacre et mère secrétaire pour l’église), il est aussi amusant de retrouver la même obsession et ce même goût pour le péché que l’ex-mormon Brian Evenson.
« Cela me frappa de plein fouet, comme une inspiration divine. La religion est le boulot le plus génial jamais inventé, parce que personne ne perd jamais d’argent en prétendant parler à l’homme invisible installé là-haut. Les gens croient déjà en lui. Ils acceptent déjà le fait qu’ils lui doivent de l’argent, et ils pensent même qu’ils brûleront en enfer s’ils ne le paient pas. Celui qui n’arrive par à faire de l’argent dans le business de la religion n’a vraiment rien compris. »
Deuxième sortie dans la collection Neonoir – après l’excellent Pike de Benjamin Whitmer – L’enfer de Church Street colle parfaitement à la volonté de cette collection. Un roman noir dans la plus pure tradition, le texte est prenant et anxiogène à souhait. Le travail d’ambiance est minutieusement travaillé et la narration d’une fluidité redoutable, d’ailleurs la traduction de Sophie Aslanides y est très certainement pour quelque chose.
« L’enfer de church street » présente un nouvel auteur talentueux qui a un univers déjà bien marqué dans son premier roman. En espérant que ses autres livres suivront cette même qualité et confirmeront que, tout comme son confrère Benjamin Whitmer ou Shannon Burke chez Sonatine, le roman noir a encore de belles années devant lui.
Editions Gallmeister,
Collection Neonoir,
Trad. Sophie Aslanides,
240 pages.
Ted
Il va falloir que je découvre les autres titres de cette collection 🙂