La fugue d’un enfant et de son chien dans les Landes sauvages et mystérieuses vont entrainer deux amis, La Serpe et Archibald, dans leur passé, leurs origines et sur la trace de la mystérieuse famille d’Archibald. Mais c’est à travers la chasse d’un étrange fugitif que les révélations vont se faire.
Il m’est difficile de parler de ce roman simplement, car la simplicité n’est pas de mise dans cet univers. Les Landes, les légendes, le pouvoir des rêves, la disparition, la transmission du savoir, le surf ou bien encore l’océan jouent des rôles importants dans ce roman. Le rythme de l’histoire invite à la réflexion et à l’admiration des paysages décrits dans ce texte, les légendes subliment le décor, les histoires du village renforcent cet esprit de clan qui fait la force des occupants de ses terres. L’océan attire, hypnotise et discipline, les rêves guident Archibald ou son neveu Aupwen vers des visions inédites et pleines de symbolique de leur monde, de notre monde. Le roman alterne entre les réflexions d’Archibald et la traque du fugitif par ce dernier et son compère La Serpe. Les chapitres qui de prime abord ont peu de points communs finissent par se rejoindre et se confondre dans un final qui gagne en puissance.
« Nous prenons la direction du rivage, sans nous concerter. Au loin, sur la droite, on distingue une avancée. « C’est la jetée des morts », m’apprend mon père. Un amas de rocs en forme de rampe jusqu’au sommet. La pointe s’élève à une trentaine de mètres de hauteur. S’élançant de cet endroit, au gré des marées, on pourrait se briser sur des roches ciselées, ou se noyer dans des flots féroces et sans miséricorde. »
Jérôme Lafargue n’en est pas à son premier coup d’essai, ni de maitre d’ailleurs. « En territoire Auriaba » est son quatrième roman et démontre une certaine maitrise stylistique et raffiné. L’écriture est soignée, le rythme réglé comme un morceau de musique classique, il y a de la musicalité dans ses descriptions et l’évocation de certains décors nous renvoie directement à la grandeur des compositions d’un Moussorgski.
« L’avancée ressemble à un magma de lave solidifiée. De plus près, on voit bien que c’est un assemblage fortuit de corail, de granit et de schistes divers. Des écheveaux malaisés de failles, de pics, à travers lesquels il parait impossible de se faufiler, n’était ce chemin creusé dans la roche, qui tire tout droit au surplus, comme une promenade gracile au milieu de monstres bruyants. »
Jérôme Lafargue est grand et ses textes ont autant de choses à révéler que ses Landes natales. En territoire Aurabia appelle une suite qui espérons le en appellera une autre…
Ted