La poésie de A.C Hello frappe avec justesse contre la violence du monde. Son style est explosif et ses phrases hypnotiques sont remplies de mots nerveux. Dans Koma Kapital, elle constate l’état du monde avec une grande lucidité. Celle-ci illumine la lecture malgré sa noirceur. Une femme se réveille du coma et se confronte à la société patriarcale et capitaliste. A.C Hello force à peine le trait pour illustrer la paralysie morbide de notre temps et sa voix s’écoute comme un cri d’effroi.
Les différentes parties de Koma Kapital sont autant de plongées dans l’absurde. Cette femme, narratrice du récit, se débat dans Paris après un coma. Son réveil est brutal, le monde qu’elle redécouvre est incapable d’empathie. A.C Hello semble décrire la course effrénée d’une femme perdue. Elle peine à lutter mais sa persévérance résonne avec notre propre capacité d’adaptation.
Koma Kapital semble dire : fermez les yeux puis comprenez que le monde nous empoisonne. La force de ce livre se trouve dans la lucidité et la vivacité de l’écriture. Cette langue férocement armée nous permet de croire en un possible renversement. Elle ne creuse pas le désespoir par plaisir nihiliste. Au contraire, la lucidité exposée nous permet de croire encore un peu qu’un coma ou un choc viendra le déclencher.
A.C Hello est résolument engagée et propose avec sa prose une détonation politique. La fiction et la poésie sont la mèche d’une même bombe. Il suffit de l’étincelle d’une lecture pour entendre bientôt la détonation résonner au sein du Kapital. Un extrait de ce texte est scandé par A.C Hello dans l’album Le cas très inquiétant de ton cri réalisé avec le groupe Melmac. La musicalité rageuse qu’on entend sur cet album illustre parfaitement la vive lucidité de sa poésie.
112p
Adrien