Le deuxième roman d’Adrien Girault est une expérience de lecture surprenante. Il s’intitule Monde ouvert et peut renvoyer à l’univers du jeu vidéo (l’open world constitue un terrain illimité pour le joueur). Cela donne une idée de l’enjeu du texte, qui va bien au-delà d’un simple thriller.
Le monde n’est pas si ouvert pour le lecteur ou la lectrice. Effectivement, nous sommes contraints aux volontés de l’auteur. Il nous délivre dans Monde ouvert ce qui lui semble utile pour apprécier son texte et nous laisse libre de l’interpréter.
Nous suivons alors deux losers magnifiques, Dale et Sven. Ils œuvrent pour « la cause » en surveillant un otage dans une campagne montagneuse. Adrien Girault ne détaille pas le projet de la « la cause ». Les lecteurs-trices sont libre de l’interpréter à leurs manières. Elle s’oppose en tout cas au parti dont on ne connait pas plus l’orientation.
Cette indétermination sera le moteur de la fiction, concentrant l’attention sur le désarroi des deux personnages qui se sentent de plus en plus désemparés et se détournent de leur travail. Quand Dale et Sven tentent de se défaire de l’étau de la cause, le roman devient une aventure à la dramaturgie totalement maîtrisée.
Le Monde ouvert d’Adrien Girault est celui du libre-arbitre. La lecture provoque un questionnement sur le concept de réalité. L’écrivain joue savamment avec celle ou celui qui le lit se devant d’accepter les règles du jeu.
Tout est fait dans Monde ouvert pour rappeler le caractère purement fictionnel de son univers. Les descriptions restreintes et la narration peuvent même faire douter de l’existence des personnages.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Adrien Girault ne signe pas un roman absurde. Monde ouvert est un jeu. L’écriture semble construite pour mieux surprendre. Que l’on s’attache ou non à ce que vivent Dale et Sven, un piège semble être prêt à se refermer dès les dernières pages atteintes.
160p
Adrien