Camille file à toute vitesse à bord de sa décapotable, impatiente de retrouver sa cousine Frédérique qu’elle n’a pas revue depuis des années. Les souvenirs des étés passés ensemble défilent dans sa mémoire, au même rythme que les paysages escarpés avalés par le bolide.
Lorsqu’elle s’arrête au village voisin pour demander son chemin, la jeune femme ne prête pas attention à la panique qui semble saisir les habitant·es à la simple mention de ce qu’ils et elles appellent « la maison du diable ». Quand au comportement et à l’allure très étranges de sa très chère Frédérique, elle les met naïvement sur les comptes de la malbouffe et d’un laissé-aller feignant.
Un piège glaçant se referme lentement sur Camille, dont l’histoire risque vite de tourner en eau de boudin.
Tout le monde connaît les codes liés aux légendes vampiriques : le manoir délabré en lisière de forêt, les villageois·es flippé·es ou encore le teint blafard et les crocs pointus. Dans Les cousines vampires, Cathon et Alexandre Fontaine Rousseau s’emparent de tous ces clichés pour les parodier au travers de dialogues mordants et d’illustrations dignes de plans cinématographiques !
On est directement catapulté·e dans une ambiance rétro à souhait, tout doit sorti d’un roman de gare à suspens ou d’un vieux film horrifique hollywoodien, grâce aux traits sombres et au dynamisme des planches.
Le décor est tout de suite posé : ça sent l’ail et la naphtaline à plein nez. Camille est l’archétype parfait de l’héroïne pleine de bonne volonté et un peu cloche, aussi blonde et pétillante que sa cousine est brune, maigre comme un clou et aigrie.
Chacune incarne la dualité présente dans toute bonne série B, c’est-à-dire le combat entre le bien et le mal, la lumière et l’obscurité et tout le blabla… mais dans un style décalé bourré d’humour noir !
Car Les cousines vampires caricature tout cela avec brio, en forçant le kitsch sans tomber dans le mauvais goût, et en parvenant à nous tenir en haleine malgré une trame de fond déjà revisitée à toutes les sauces.
Le duo Cathon (Les enquêtes de Sgoubidou) et Alexandre Fontaine Rousseau (L’énigme de l’objet mystérieux)marche du tonnerre, et nous propose un cocktail rafraîchissant digne d’un bon Bloody Mary. Les personnages sont tous à la ramasse et ont des expressions pliantes, l’autodérision est partout et le trait parodique est poussé juste ce qu’il faut…
Bref, cette nouvelle recette de l’univers des vampires fonctionne à merveille et redonne un coup de fouet aux récits du genre ! à mon sens, son seul bémol est qu’il s’agisse d’un one-shot. Car on s’attache très vite à Camille et Frédérique, et une fois le livre fini on en demande encore !
Éditions Pow Pow
139 pages
Caroline