Je ne sais pas vous, mais à l’approche des premiers frimas, après ce passage à la grise heure d’hiver et tandis que les jours s’amenuisent, je m’enfuirais bien. Loin. Dans un endroit qui existerait à peine. Et vous savez quoi? Ça tombe bien…
Il existe quelque part sur la planète, probablement au centre du Pacifique, là où s’arrêtent brusquement les îles Marquises, un continent appelé Nomédie. Si si. On retrouve des traces de son existence dans de nombreux textes et autres formes de témoignage remontant jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Mais la Nomédie a disparu. Encore. Car elle a une fâcheuse tendance à clignoter cette Nomédie, émergeant et s’immergeant selon son humeur, se laissant découvrir pour mieux s’éclipser. A la suite de sa dernière disparition, qui coïncide avec le crash de 2 ans du réseau informatique mondial, un comité de rédaction décide de réunir tous les documents restants qui identifient ou évoquent le continent égaré. Lettres, catalogue d’exposition, récit, articles scientifiques… 24 documents dont l’authenticité a été rigoureusement vérifiée, pour preuve d’existence.
Parce que des sceptiques il y en a eu, et je suis sûre qu’il en subsiste encore un certain nombre. Mais les travaux regroupés dans La bibliothèque nomédienne devraient rendre justice à tous ceux qui sont passés pour fous au cours des siècles. Analyses linguistiques, travaux sur la faune locale (êtes-vous familier du condylure étoilé?), correspondances, journaux de marins, traités d’hypothéticologie… Tout ce qui reste de connaissances sur le continent égaré est à portée de main, le meilleur comme le pire… Car entre réalité et fantasmes, il est parfois dur de regarder derrière le voile (de brume), ou d’en être arraché sans savoir quand, et si, on pourra y retourner.
Travail pour le moins original, La bibliothèque nomédienne est née à l’initiative d’Alfred Boudry et de ses 6 Gaillards d’avant, groupe franco-anglais (de langue) qui a travaillé plusieurs mois, voire plusieurs années sur ce projet. Utopie uchronique (ou était-ce l’inverse), La bibliothèque est un livre-puzzle à entrées multiples dont l’île illusoire (ou pas…) est encrée dans la réalité grâce au talent et à l’intelligence de ses rédacteurs.
Je pourrais encore en dire beaucoup, mais le meilleur moyen de comprendre la Nomédie c’est encore d’y aller, quelques soient les risques. Et puis je dois faire ma valise, retrouver mon passeport, trouver un bateau. C’est loin le Pacifique…
La bibliothéque nomédienne, Alfred Boudry et les Gaillards d’avant.
Et pour en découvrir plus sur le projet, c’est par ici!
633 pages
Éditions l’Atalante
Marcelline