Pendant près de deux ans, Aloÿse Mendoza a inlassablement couché sur papier les multiples brisures qui rythment le quotidien des femmes. Elle écrit sur un coin de bureau au petit matin, avant d’enchaîner sur une journée de boulot (car elle exerce également en tant que bibliothécaire et ludothécaire).
Petit à petit, les histoires s’amassent, les témoignages personnels, recueillis et fictifs se mélangent jusqu’au moment où elle les réunit dans son premier roman graphique : Ruptures.
Au fil des pages, vingt-deux femmes s’adressent frontalement aux lecteur·ices, chacune à leur tour. Sans faux semblant, elles expriment leurs douleurs et leurs peurs, mettent des mots sur leurs combats et leurs victoires. Les paroles sont un défouloir, un moyen d’aller de l’avant pour guérir au mieux. Mais aussi pour mener des luttes personnelles et universelles. Pour faire son deuil, pour aborder des thématiques politiques ou amoureuses…
Aloÿse Mendoza nous place face à ces corps tout à la fois flottants et campés au milieu de pages nues. On ne détourne pas le regard, on lit et l’on s’imprègne de cette lecture qui résonne en nous. Les protagonistes nous fixent et leurs voix portent. Elles quittent, s‘unissent, se reconstruisent sous le trait tremblant et à vif de l’autrice. Autant de ruptures de toute sorte sont rassemblées ici, où les chemins individuels s’emboîtent dans la grande Histoire, afin d’abattre les murs dressés notamment par les violences domestiques, les étaux du patriarcat et du capitalisme…
Avec Ruptures, Aloÿse Mendoza signe un ouvrage féministe et engagé au texte qui sonne juste et qui frappe de plein fouet. Tout à la fois douloureux et rayonnant, il s’agit d’un livre précieux à toujours garder non loin de sois.
Éditions Lapin
208 pages
Caroline