Dans Anatomique comme, la poésie d’Amandine André n’a jamais été aussi proche du corps. Ses phrases sont heurtées mais surtout nerveuses, décrivant au plus proche le corps de figures spécifiques. Elle parle de trois groupes de personnages qu’elle résume au début. Premièrement un « combat entre deux enfants quelque part en Amérique du sud, un chien, un double. ». Deuxièmement « Le jeune homme de l’avenue Jean Lolive, une jeune femme. » Puis enfin « Un homme à terre à minuit vers la gare du nord, des pairs de jambes, un être habillé de haillons. ». Elle les étudie durant quatre partie puis s’attarde en cinquième partie sur le premier groupe.
Amandine André connaît plus que jamais comment écrire le corps. Sa poésie est construite pour le faire ressentir plutôt que le montrer ou le décrire. La nervosité de ces phrases produit chez la lectrice ou le lecteur l’envie d’assimiler en soi ce que sont ces corps. Ainsi la lecture d’Anatomique comme nous y intéresse sans déterminer la nature sociale des êtres à qui ils appartiennent. La poète donne de l’importance à l’essentiel, un corps qui se meut et se déploie, se relève ou se couche.
La lecture peut paraître difficile puisque heurtée ou regroupée en nervosités. Il faut imaginer ce que la poésie d’Amandine André peut provoquer en l’écoutant à haute-voix. La musicalité est ici radicale. Elle se fait bruitiste et se coupe en plein élan. Ce n’est pas une esthétique complaisante. Le but poétique d’Amandine André dans Anatomique comme est plus que jamais celui de redonner un sens aux logiques du corps. Le seul lyrisme que l’on pourrait attribuer à cette poésie est celui d’un engagement entier dans sa capacité à faire ressentir.
On a donc hâte d’entendre Amandine André lire ce texte pour qu’après notre lecture intime, celle-ci s’enrichisse avec de nouvelles perspectives. Les corps en seraient ainsi propulsés dans l’imaginaire de chacun-e d’entre nous. La lecture d’Anatomique comme est le prélude à une danse collective que l’on peut espérer pour le futur. Une danse où les corps invoqués par Amandine André se mêleraient aux nôtres, dans une jubilation sans limite.
Les presses du réel – Collection Al dante
48p
Adrien