Une nouvelle fois, Amélie Fléchais (Le Petit Loup Rouge) nous invite dans son univers onirique aux parfums d’aventures et de sous-bois avec son album Chemin Perdu.
A la simple vu de la couverture et du livre en lui-même, difficile de ne pas être envouté: vernis sélectif, mise en page soignée, jeux de relief, encore une fois la Collection Métamorphose nous offre un bien bel objet. Et lorsque l’on commence à le feuilleter… On se perd aux côtés d’Elliot, Charlie et Arthur en un clin d’oeil, guettant les indices derrière leurs épaules lors d’une chasse au trésor qui va prendre une tournure enchanteresse pleine de rebondissements.
Trois enfants sont à la recherches d’indices qui les méneront à la victoire: le lot ultime des Copinoux. L’un d’eux est un peu mythomane sur les bords et se prend pour le roi du monde, le meilleur de tous, en toute humilité bien sûr. Accompagné de son petit frère qui est persuadé d’être un Super Robot qui se doit de protéger son prochain et d’un autre gosse ayant plus la tête sur les épaules, il va s’enfoncer au plus profond d’un bois étrange sur lequel circule une légende inquiétante. En effet, il paraitrait qu’un couple jadis heureux se soit fait aspiré, digéré et altéré pour toujours par ce lieu touffu suite à une malheureuse histoire…
Tout cela n’arrête en rien notre trio, ni cette inquiétante histoire folklorique ni-même la rencontre d’un renard vêtu d’un costume trop classe à la recherche de sa bicyclette qui n’en fait qu’à sa tête, et non plus l’étrange maison abandonnée au coeur de la végétation où semble tapis un gardien à la chevelure de branchages, et toujours pas le hiboux porteur de mocassin qui les fait descendre dans les entrailles de la terre chez Messieurs Blaireau, Souris et Musaraigne. Bille en tête, ils avancent encore et toujours, se perdant un peu plus à chaque pas sous ces frondaisons ancestrales. Les personnages se succèdent, apparaissent et disparaissent dans une danse de bruissante, jouent à cache-cache avec les trois mômes qui se prêtent au jeu avec toute l’innocence que leur âge leur inculque.
Amélie Fléchais nous fait découvrir un chemin perdu dont on ne voudrait pas revenir; bercé par les contes européens et leurs entités naturelles, par le style et le folklore japonais mais aussi l’esthétique nordique, elle réalise une nouvelle fois un album délicat et époustouflant par ses illustrations.
Maitrisant à la perfection ses palettes de couleurs aquarellées, n’hésitant pas à alterner une mise en page plus classique à l’encre de chine à des pleines pages fourmillantes de détails, elle superpose les effets, joue avec les pleins et les déliés, les motifs répétés, la finesse du trait et la profondeur d’un aplat.
Le design respectifs des protagonistes est à tomber, à la fois attachants et mystérieux, ils sont parfois ingénus, menaçants ou bien sympathiques, mais tous sont d’une créativité sans borne. Dans la lignée des classiques d’Hayao Miyazaki pour l’ambiance mystique et ancrée dans la nature sauvage et impénétrable et de Béatrix Potter pour l’anthropomorphie des bestioles à pardessus et chaussures à boucles, Amélie Fléchais se nourrie de belles choses et crée son propre style empreint de nostalgie. C’est ainsi que dans Chemin Perdu, on retrouve la saveur de l’imagination que l’on avait étant enfant, le goût des contes du soir, le chatouillement d’une gentille peur et l’envie de marcher dans la forêt sur la piste pleine d’adrénaline d’une chasse au trésor.
Chemin Perdu est en sois une très jolie déroute sour forme de balade sous la canopée et à travers les contes, où Amélie Fléchais nous guide par sa créativité et son talent d’illustratrice; un livre duquel sort une mélopée ancienne comme le monde remise au goût du jour entre le froissement des feuilles et le craquement des pages.
Editions Soleil
Collection Métamorphose
95 pages
Caroline