Collection lancée par les éditions Milan il y a une dizaine d’années, Kankô proposait des volumes au format inhabituels et aux allures mignonnes de petits livres très épais à transporter partout. Sarami Princesse de l’Enfer d’Asakura Sekaiichi en fait parti et reste un OVNI s’adressant à tous, jeunes comme plus âgés, filles comme garçons, tout en demeurant une petite bombe dont la parution est passée trop inaperçue à mon goût.
Réunissant l’intégrale des publications des aventures de la fille unique des enfers parut initialement dans Cutie Comics de 1998 à 2002 au Japon, ce seul opus traduit en français d’Asakura Sekaiichi suit l’intrépide Sarami dans sa découverte du monde terrien et sa soif d’indépendance et de bonheur.
S’ennuyant dans la fournaise des royaumes des sous-sols, Sarami décide de désobéir à son royal père et plaque tout, enfourchant son fidèle destrier Buff le boeuf à tête de mort et débarque dans une ville hors du temps aux allures de décor de western. Obligée d’apprendre à se débrouiller par elle-même pour gagner sa vie elle impose son style et devient serveuse au restaurant Steak Juu Juu, tenu par une lapine au caractère bien trempée répondant au nom de Pyonko. Très vite les deux filles à l’énergie volcanique vont devenir amies bien que beaucoup de choses les séparent.
Plum, jeune femme à l’apparence improbable de grosse sphère moelleuse toute violette complète le trio en y apportant sa douceur et sa curiosité sans limite alors que Billy, le livreur de viande attitré de Steack Juu Juu va également devenir un élément indispensable du quotidien de Sarami. Celle-ci va en devenir raide amoureuse dés le premier regard, et va cumuler les maladresses et les bourdes en sa présence, créant autant de situations improbables et rigolotes.
Le dessin très simple d’Asakura Sekaiichi (qui évoque d’ailleurs le célèbre One Punch Man réalisé par One) se prête à merveille à l’humour bondissant et à l’univers farfelu des aventures de Sarami. En effet, la galerie des personnages incarne autant de déclinaisons de vies et d’histoires: derrière une apparence tout d’abord naïf, Sarami Princesse de l’Enfer parle aussi bien de la recherche d’une mère biologique que des complexes liés à une différence de culture ou d’apparence. Entre le côté mignon et doux de Plum et de Pyonko et les habitudes extrêmes et aux premiers abords sauvages de Sarami, les éléments constituant l’évolution des liens entre les personnages se créent au fil des cases comme s’étoffent celles des êtres humains.
Découpé sous la forme de petites scènettes courtes ce manga nous entraine sur un rythme littéralement endiablé, sur Terre comme en Enfer: Sarami et son sale caractère est aussi une ado sensible et parfois maladroite sous ses grands airs, timide malgré son courage, et donne aux lecteurs un regain d’énergie et un bon coup de pied aux fesses!
Asakura Sekaiichi prête à ses personnages un grand sens du style et de la mode, en particulier bien sûr à sa protagoniste principale qui est une vraie mordue des tendances infernales et jongle avec les accessoires et les coupes avec une dextérité enflammée.
Dessinant ici le parcours initiatique d’une jeune fille pas comme les autres qui surmonte avec humour et force les obstacles de la vie, Asakura Sekaiichi jongle parfaitement bien avec une narration et un style graphique sans chichi et des contextes parfois plus durs. A la fois drôle et sensible, Sarami Princesse de l’Enfer est un petit manga à lire quand on a un coup de mou, quand on veut s’aérer l’esprit en découvrant de nouvelles contrées à la fois rétros et modernes qui nous laisse espérer qu’un jour le reste du travail de cet auteur sera publié en France.
Editions Kankô
317 pages
Caroline