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Astres sans éclat

Astres sans éclat – K.D. Miller

 

Astres sans éclat est le premier roman de KD Miller. Un premier roman réussi qui mêle journal adolescent, thriller psychologique et roman initiatique. Juste, jamais voyeur ou juge, l’écrivaine fait la courte chronique d’un drame adolescent, qui poursuivra les acteurs de cette histoire leur vie entière.

1962, la jeune Brenda Bray vit sans bonheur. Sa mère instable lui fait payer chaque jour la disparition du père. Oscillant entre déferlement de méchanceté envers son poids et profusion de nourriture pour se faire pardonner, celle-ci entraîne Brenda dans une spirale infernale. Encore une enfant, presque adolescente, Brenda a une image désastreuse d’elle-même, renforcée par les moqueries de ses camarades à l’école. Puis, Jori Clement surgit. Fille unique d’un couple d’universitaires aisés, elle est profondément libre, pensant par elle-même, libérée du joug de ses parents. Malgré les réticences de Brenda, elles vont se lier d’amitié.

2002, Rae est la nouvelle Brenda. Celle qui a laissé derrière elle la jeune fille mal dans son corps pour devenir une auteur populaire et solitaire. Elle revient sur les lieux de son enfance, souhaitant comprendre la disparition de Jori. On découvre alors de nouvelles facettes de l’histoire. Le caractère impétueux de Jori, sa fascination malsaine pour un tueur d’enfants en fuite, ses désirs sexuels non refoulés, son esprit libre. Une Jori qui captive Brenda, l’ensorcele, l’entraine dans une chasse à l’homme, mais surtout dans une chasse à l’émancipation de Brenda. Emancipation singulière, puisqu’il s’agit plutôt de libérer cette dernière du joug de sa mère pour qu’elle soit à l’entière merci de Jori. Au fil des pages, Brenda rêve de plus en plus de devenir Jori, de s’approprier sa chambre, sa joliesse, ses parents, sa vie. Jori finira par s’évanouir dans la nature, mais quelles sont les réelles circonstances de cette disparition ?

« En astronomie, une naine brune est en quelque sorte un échec. Trop grosse pour être une planète, elle a la taille d’une étoile mais ne brille pas. (…) Elle n’a jamais brillé. Ni même scintillé. Et jamais cela n’arrivera. Elle ne fait que flotter dans l’espace, sans vie et sans éclat. »

Astres sans éclats est un titre très juste pour ce roman. A chaque instant, les personnages, les émotions de Brenda, le potentiel de chacun meurent avant même de s’être révélés. Comment tués dans l’oeuf. KD Miller brouille les frontières entre l’amitié, l’amour, la fascination et le dégout. Elle raconte avec justesse les troubles adolescents qu’ont pu connaître la génération des années 50, emprisonnée entre religion et libération féministe. Jonglant entre Brenda et Rae, toujours sous l’égide de Jori, l’auteur déploie un univers acerbe et liquoreux, qui nous tient en haleine tout au long des cent soixante pages.

Astres sans éclat - couverture

Les Allusifs,
160 pages,
traduction, Marie Frankland,
Aurore.

À propos Aurore

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