Rikiki est le titre du premier livre de poésie d’Aurélia Declercq paru aux éditions de l’Attente. Durant ses études à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, cette jeune poétesse mène des réflexions sur la matérialité du langage. Et le moins que l’on puisse remarquer dans ce premier livre est l’originalité de sa langue. Pierre Alféri nous prévient dans la préface : « La voix qui nous guide est déjà reconnaissable entre toutes ». C’est un texte déjà riche d’une grande maturité poétique. Nous descendons avec la narratrice dans le jabot d’un pigeon pour y suivre ses aventures avec deux autres personnages.
Au cœur du gosier du pigeon, elles sont bercées par son roucoulement. Cet endroit est celui qui produit le son, le chant caractéristique du pigeon. En somme, c’est au cœur du langage du volatile que nous sommes placés. L’écriture qui nous guide est à la fois saccadée et volubile. Elle participe à un imaginaire débridé, cette loufoquerie de placer des êtres humains dans le jabot d’un pigeon. Mais Aurélia Declercq développe dans Rikiki moins une histoire que le murissement du langage.
Cette écriture qui nous enveloppe joue avec les sonorités et se déploie dans une oralité ludique. L’écriture est ici un jeu pour composer une mélodie. Le roucoulement imaginaire du pigeon est le parallèle fictionnel du travail poétique d’Aurélia Declercq. Rikiki devient ainsi un premier pas bien affirmé d’une jeune poétesse. S’immiscer dans ce gosier consiste à comprendre que de nouvelles voix peuvent naître chaque jour. L’art d’écrire se renouvelle sans cesse et continue à surprendre. Le travail d’Aurélia Declercq le prouve et nous incite à suivre son évolution.
90p
Adrien