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Benjamin Whitmer – Evasion

L’évasion aussi bien physique que mentale selon Whitmer. Douze détenus qui, le soir du réveillon 1968, prennent la tangente. La prison de la ville d’Old Lonesome est en état d’alerte, les gardes partent en chasse, les journalistes cherchent le scoop, le directeur de la prison chapeaute la traque depuis son QG. A travers des messages radios scandés toute la nuit, le directeur Jugg invite les habitants d’Old Lonesome à s’enfermer chez soi et à ne laisser rentrer personne. La ville devient petit à petit un immense terrain de jeu pour une partie de cache-cache sanglante.

Benjamin Whitmer, en partant d’un scénario plutôt minimaliste, des évadés, une fuite, une traque, développe un univers assez particulier. Nous avions l’habitude avec Pike et Cry Father, de nous confronter à des personnages sombres, où l’humanité et l’empathie ne transpirent pas chez les protagonistes, où le bien et le mal est totalement subjectif, et la rédemption une fable douce amer.

Ici point de surprise, vous ne serez pas déçu du voyage ! Les méchants sont méchants, les paumés sont paumés, les gardiens sont pourris et les habitants savent jouer du marteau ! Ce qui pourrait déranger ou être pesant à la longue. Nous pourrions tomber dans une succession de clichés plutôt classique, qui emprunteraient autant à l’univers de James Ellroy qu’à « Luke la main froide ». Mais là où Benjamin Whitmer s’en sort, ce qui sauve son histoire et ses personnages, c’est cette faculté de nous faire croire que le meilleur peut jaillir à chaque instant ! Comme un mirage lointain dans une ville qui retient les évadés comme les habitants ou les gardiens de prison.

Le style très direct et imagé de l’auteur et le rythme de son roman son calibré pour s’enchainer jusqu’à plus soif, plus nous nous enfonçons dans cette histoire, plus la lecture devient frénétique. Le nuit dure, le froid s’installe, la tension monte, et le couperet peut jaillir à chaque page, c’est la grande force de ce troisième roman de l’auteur. Une puissance dans la tension et dans l’attente, ce qui nous prends aux tripes jusqu’à la toute fin.

Benjamin Whitmer continu son chemin, et avec ce troisième roman, écrit une sorte de roman choral crépusculaire. Il y a toujours cette sensation de mal qui suinte à chaque page, chaque ligne, chaque mot, il y a encore cette poésie macabre. Mais l’auteur arrive aussi à s’affiner dans son style et notamment dans les dialogues.

Un troisième roman tout en ambiance et en tension, qui confirme le talent de l’auteur, comme romancier noir ! un « page-turner » redoutable !

Editions Gallmeister,
Trad. Jacques Mailhos,
406 pages,

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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