Avec l’été, la plage et les bières fraîches vient le nouveau numéro de Bifrost, et celui-ci est particulièrement attirant car consacré à Laurent Kloetzer, qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques années, d’abord avec Anamnèse de Lady Star, écrit en osmose avec sa compagne sous l’entité L.L. Kloetzer, et de nouveau cette année, seul cette fois, avec le superbe Vostok. Écrivain montant et pourtant en activité depuis un sacré moment, ce dossier est l’occasion pour Kloetzer de revenir sur son rapport à l’écriture, à la littérature et pour nous de mieux découvrir son univers.
Il y raconte ses premiers essais, ses premières amours dans l’imaginaire, et surtout sa passion pour le jeu de rôle et l’importance de celui-ci dans son rapport à l’écriture et la lecture, ainsi que son influence sur sa génération d’écrivains. Dense et complet, cet entretien passionnant nous donne l’opportunité de cerner au mieux l’auteur et donne furieusement envie de se pencher sur ses écrits précédents. Je regretterai juste, pour ma part, la faible évocation de l’autre L. du binôme et la part de chacun dans l’univers de la Lady (mais c’est parce que je suis un peu monomaniaque sur ce livre…)
Le dossier est augmenté de l’histoire du prix Planète SF, remis pour la première édition à L.L. Kloetzer pour CLEER, ainsi que d’un retour par Léo Henry sur le jeu de rôle et son importance pour toute une génération.
Mais Bifrost, ce n’est pas qu’une interview. On y retrouve, comme à l’habitude, trois nouvelles en ouverture. À tout seigneur, tout honneur, Laurent Kloetzer y a sa place avec un récit particulièrement long dans l’univers d’Anamnèse… qui nous emmène une cinquantaine d’années après le Satori. Dans une atmosphère entre post-apo et fantasy, on y suit un groupe de survivants luttant contre la contagion, les faux-espoirs (pour certains) et l’avenir (pour d’autres). Prenant et immersif, La confirmation continue d’explorer les événements de la Lady tout en maintenant ce mystère et cette fascination développés dans le roman.
Léo Henry y va également de son texte, avec une uchronie touchante et surprenante, Pour toujours l’humanité, qui voit se dérouler la rencontre improbable, au sein de la très tranquille ville de Feurs (pour dire quand même le côté improbable), entre une jeune femme et un héros( ?) de l’aventure lunaire, Michael Collins. Sauf que dans ce monde, la mission Apollo ne s’est pas vraiment passée comme prévue. Un texte sensible et émouvant qui montre toute la finesse de Léo Henry.
On y trouvera enfin (dans le désordre) un texte de Ken Liu, lui aussi uchronique. Dans les années trente, le Japon a proposé un projet pharaonique afin de lutter contre la Grande Dépression et a lancé la construction du tunnel Transpacifique, reliant Shanghai, Tokyo et Seattle. Charlie (appelons-le ainsi) y a été ouvrier et a décidé de ne pas le quitter une fois l’ouvrage achevé. Entre tranche de vie et morceau d’Histoire, le récit oscille entre nostalgie et violence. Un auteur à suivre, assurément !
On ne rentrera pas ici dans le détail du carnet critique, mais on ne manquera pas de dire qu’il fourmille de bons conseils de lecture et donne à chaque fois une bonne vision de l’étendue des sorties en imaginaire et de la diversité plus ou moins grande des thèmes.
La rubrique « Paroles de » s’étend et s’ouvre aux traducteurs, ce qui est sans nulle doute une idée formidable ! Jean-Daniel Brèque inaugure ce nouveau rendez-vous avec un entretien très intéressant à propos de ce travail encore trop sous-estimé.
Bref, il y a comme toujours moultes choses, et plein dont je ne vous ai rien dit dans ce Bifrost estival, et surtout beaucoup de choses de très bonne qualité ! Un excellent numéro qui permet de découvrir ou de mieux connaître un auteur qui sera sans doute majeur. Merci Bibi ^^
Bifrost #83 – Laurent Kloetzer, à l’envers à l’endroit
Rédacteur en chef : Olivier Girard
Couverture : Aurélien Police
184 pages
Marcelline
Bonjour,
La non-participation de l’autre L à ce dossier a été notée par plusieurs lectrices et lecteurs. Il s’est agit dès le début d’un choix volontaire d’elle comme moi. D’abord parce qu’elle ne veut pas s’exposer, ensuite parce que cela nous aurait obliger à déballer pas mal de choses de notre intime, que nous avons voulu laisser à l’écart de tout cela.
Merci pour votre lecture enthousiaste !
Bonjour,
je vous remercie pour votre commentaire et comprends tout à fait ce choix. Il s’agit pour ma part plus d’une frustration due à la fascination que j’ai pour cet univers et de mon envie d’en savoir plus, mais je crois qu’il aurait fallu consacrer un Bifrost entier à Anamnèse pour que je sois (un peu) rassasiée ! Merci à vous pour cela, et pour Vostok aussi, qui est magnifique !