Mais quand l’air vous manque, ou que le cœur de votre enfant bat dans son ours en peluche, forcément le décalage s’opère et le réel bascule à la limite de l’irréel. Nous ne sommes pas dans du conte fantastique, dans le sens où finalement beaucoup de choses s’expliquent avec logique. Mais plutôt dans une réalité alternative interprétée par le narrateur à travers le prisme de sa démence naissante ou de son malaise grandissant.Brian Evenson a cette manière si particulière de traiter l’humain, d’interroger sur notre condition ou sur notre rapport au corps et à la vie. Une écriture sobre et percutante parsemée de messages souvent dérangeants. S’attardant tout particulièrement sur la psyché de l’être, délaissant un peu plus le corps – comparativement à ses autres romans et recueils – l’auteur nous raconte inlassablement la chute de l’Homme au travers de ses nouvelles.
Puis il y a cette nouvelle au milieu du recueil qui n’a presque pas sa place ici, qui échappe, à première vue à ce que nous avons pu lire précédemment. De la science-fiction, de premier abord, une planète lointaine, une station minière, un agent de sécurité qui s’occupe aussi de nettoyer les filtres de la poussière qui s’accumule, afin que la station puisse être correctement alimentée en air. Puis un mort, un second, l’air qui commence à manquer et toujours plus de poussière… Une histoire particulière lorgnant vers de la science-fiction à la Alien en termes d’ambiance et de progression. Un tour de force de narratif tant nous nous attendons à découvrir un monstre et tant nous tombons des nues devant la chute. Un chef-d’œuvre !
« Que de pensées, pensa-t-elle. Mais déjà elles semblaient ne plus lui appartenir. »
Le cherche Midi,
Collection Lot49
Traduction Sabine Porte
288 pages.
Ted.