Le récent recueil intitulé Père ancien du poète Charles Pennequin rassemble des textes parus en livre ou en revue depuis 1997. Ils abordent la disparition du père et tentent de conjurer le deuil en expression poétique. C’est aussi un moyen de comprendre la présence puis l’absence d’un père, ce que père veut dire et ce qu’il représente en soi. De manière plus intime, Charles Pennequin continue à explorer la liberté de l’écriture, la distordant et la façonnant pour mieux lui faire dire l’indicible.
Ainsi Père ancien essaye de décrypter ce qui fait filiation et ce qui se (dé)construit avec. On rentre dans une poésie en constante évolution formelle. Elle se recherche comme un humain en quête de sens. Rien n’est clairement évoqué. C’est plutôt le poète qui creuse son sujet, ne faisant pas de cette poésie une confession ou un témoignage intime.
La forme que prend la poésie de Charles Pennequin est multiple. Elle va d’une élaboration exigeante à une plus triviale trituration de la langue. Ce n’est pas une poésie de savants mais une écriture libre, qui s’offre parfois le droit à mêler chanson française et exigence poétique. Charles Pennequin n’a jamais cherché à s’éloigner du milieu populaire par un art soi-disant élitiste. Ici, il triture plus que jamais la langue, comme pour mieux comprendre ce que le mot père veut dire.
C’est donc avec une langue en mouvement que Charles Pennequin évacue l’épreuve du deuil. Au-delà, il raconte ce qu’écrire sur un père disparu provoque, prenant ainsi la distance nécessaire pour produire une réflexion universelle. Père ancien pourrait donner l’impression d’un pas de côté à celles et ceux qui lisent régulièrement ce poète. Mais il semble plus certain que Père ancien est une pierre importante dans son travail, une pierre peut-être pas centrale mais qui soutient ses autres propositions poétiques.
192p
Adrien