Dans une société où les humains utilisent des robots pour toutes leurs corvées, le seul travail qui reste est réparateur de robots. C’est le poste qu’occupe Saxe, jeune homme un peu introverti mais curieux. Curieux d’aller voir au-delà des murs de la Cité qu’il a connu toute sa vie, au-delà de ce monde cybernétisé. Dans sa fuite il croisera Dresde, dernière golem, merveille de technologie dont le secret de fabrication a été perdu depuis longtemps. Pendant ce temps rôde Pue-la-Viande, mémoire vivante qui doit sa survie au meurtre d’innombrables robots dont il se repaît des souvenirs. Il représente la somme de la Cité, son incarnation vivante. Et la Cité ne veut pas voir partir ses enfants!
Justine Niogret est une formidable conteuse. Que ceux qui doutent encore ré-écoutent le podcast sur Mordred (ici) et reviennent ensuite. Encore une fois elle nous emmène dans un monde fabuleux mais cette fois point de châteaux et autres chevaliers, non, ici une vieille cité que l’on pourrait imaginer steampunk . Dans ce monde peuplé de robots, tout se meurt en fait. La perte des anciens secrets technologiques limite tout. Et c’est ce qui explique l’attirance de Saxe pour Dresde: elle est une énigme et un mythe à la fois, incarné dans un corps féminin qui plus est!
Car oui il est question d’amour dans Coeurs de Rouille, et d’amour platonique, pur. L’attirance ne pourra être réciproque mais Saxe la vit quand même. L’irruption de Pue-la-Viande au sein de l’histoire ne peut donc être que brutale et destructrice. Pendant plusieurs chapitres, jusqu’à un affrontement final, dantesque, la confrontation est psychologique à base d’échanges et de discours.
Et c’est là la grande force du livre: ce n’est pas une suite de combats sans fins et décérebrés comme on peut en voir souvent au cinéma. Non ici l’on nous parle de l’importance de la mémoire, du vécu et de la construction de la personne ou de l’esprit au travers de son expérience. Ce trajet ne leur permettra que de mieux se connaître et s’apprécier afin de donner toute son ampleur et son enjeu à l’affrontement final.
Justine Niogret signe ici encore une belle et grande réussite, un roman qui je l’espère, vous touchera autant que je l’ai été.
Editions Pré aux Clercs
272 pages
Jérémy