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Collectif – Désobéissantes

Lorsque l’on évoque des figures féministes, ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent dans les livres, les podcasts ou les discussions. 

Mais qui connaît la journaliste de guerre Cristina Liberis ? Qui se souvient des aviatrices qui ont formé bénévolement l’Escadron B lanc pendant la Seconde Guerre mondiale ? Cinq autrices (Victoria Pãtrascu, Iulia Iordan, Laura Grünberg, Cristina Andone et Adina Rosetti) accompagnées de dix-huit illustratrices dressent les portraits de femmes roumaines à la fois importantes et tombées dans l’oubli, dans une anthologie puissante frappée du sceau de l’empowerment : Désobéissantes. 

Ces femmes roumaines qui ont creusé par la force de leurs convictions et de leur persévérance de nouveaux sentiers empruntés encore aujourd’hui par de nombreuses générations à travers le monde sont peintresses, danseuses, scientifiques, architectes, sportives de haut niveau ou bien écrivaines… Méconnues et même presque effacées de l’Histoire de leur propre patrie, elles ont pourtant lutté pour elle, l’on chérit et y on laissé des empreintes, fantomatiques et inaltérables. 

Les cinq autrices romancent des fragments de la vie de ces femmes, en y mêlant fiction et réalité. L’ensemble est présenté à la manière d’un recueil de nouvelles, rehaussées de somptueuses illustrations aux styles variés et vifs, scindés en deux parties : l’une en noire et blanc et l’autre en couleurs. Comme pour démarquer le passé du présent, la transformation que ces destinées extraordinaires ont insufflé autour d’elles tout au long de leur parcours. Mais également pour célébrer le passage en pleine lumière de ces figures de l’ombre, dont on se souvient enfin et dont on partage les victoires et les combats, pour les chanter et s’en inspirer. 

C’est une soirée d’été limpide et claire. En haut, au-dessus de nous, un univers entier attend d’être découvert. Un monde lointain et mystérieux qu’elle aimerait connaître. Un million de questions lui vient à l’esprit. Diana ferme la fenêtre et retourne à sa lecture. Les livres, eux, ne se fâchent pas quand elle les interroge. Ils sont patients et ils ont des réponses.

Partout flottent l’incertitude et la peur, comme de mauvais miasmes. Clara porte la main sa poitrine, à l’endroit où aurait pu être couse cette étoile jaune. Elle ferme les yeux. Elle ne sens plus la douleur dans son dos. Elle ne ressens plus la peur dans son cœur. Elle éffleure les touches du piano. Ce sera simple. Ce sera Mozart. Ce sera paisible.

En présentant brièvement et avec une émotion certaine ces fragments de vies, Désobéissantes nous invite à approfondir notre savoir par nous-mêmes, à creuser par nos propres moyens et à aller à la rencontre des vers d’Ana Blandiana ou bien de danser dans les pas de Lizica Codreanu. Ce livre prône aussi la diversité et la richesse des cheminements, car si les femmes qui y sont réunies ont toutes fait preuve de soif de liberté, se sont battu pour réaliser leurs rêves, pour aider leurs prochains et surtout pour se libérer du carcan étroit de patriarcat, elles sont issues de milieux très différents, allant du plus modeste au plus aisé.
Leur courage extraordinaire les a poussées à mener à bien leur lutte, quitte à faire de la prison pendant plusieurs années ou d’être exilées. De plus, la période couverte par les récits va du XIXe siècle à nos jours permet de nous partager les fragments de vie de pas moins de plus de soixante-dix personnalités roumaines (sans compter les autrices et illustratrices, qui méritent tout autant qu’on se penche sur elles) !

Désobéissantes est un voyage dans le temps, sur la trace des figures féminines et féministes qui ont marqué l’Europe de L’Est et dont le rayonnement a éclairé le monde entier. Ce livre atypique que l’on pourrait décrire comme un recueil multibiographique dessiné, propose une approche unique et originale à travers laquelle on se promène et où l’on va à l’encontre de reines sans couronne, mais à la force d’âme grandiose et inspirante.

” Son monde était semblable à une arche de Noé : un livre de bonnes pensées écrit à la main et laissé sur la table de chevet des malades à l’hôpital, des chemises étendues sur des cordes à linge en face du musée qu’elle aimait tant et où elle créait des ponts entre les hommes et les choses. Elle voulait que la ville comprenne et aime le village. Elle disait que pour nous, les citadins, le village était un livres tenu à l’envers. Et cela l’émerveillait. “

186 pages
Belleville éditions 
Caroline

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Chroniqueuse

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