La Route, de Cormac McCarthy, on en a beaucoup parlé, grâce à J.Hillcoat et sa splendide adaptation cinématographique (oui bon c’est assez ironique de dire « splendide » alors que le sujet est sombre et glauque), le roman a également beaucoup fait parler de lui à sa sortie, prix Pullitzer 2007, McCarthy qui fait un « Post-Apo » … Donc je ne reviendrai pas sur tout cela.
L’intérêt dans cette fuite du père et son fils réside dans l’illusion d’un espoir incertain mais que le père souhaite absolument pour son fils. La violence qu’il faut au père pour croire dans son maigre espoir. Le quotidien avec un enfant qui ne sait pas se défendre, chasser ou se nourrir révèle l’amour inconditionnel d’un père pour son fils, d’ailleurs n’idolâtre-t-il pas ce dernier ? Comme une sorte de messie pour l’humanité ?
On le sait McCarthy traite de la violence dans tout ses romans, la violence comme une part inhérente de l’homme, la violence envers son prochain et envers son environnement, l’auteur sous-entend que l’on a ce germe de la « destruction » en nous. Mais dans « La route » les protagonistes ne la créent pas, ils la fuient, ils fuient tous ces groupuscules qui chassent les autres humains. Et quand la violence surgit dans les mains du père c’est seulement pour défendre son fils. D’ailleurs le personnage du père est proche de la névrose, le contraste entre son désespoir, son deuil et l’espoir de porter son fils dans un lieu moins hostile donne lieu à un personnage proche d’un martyre biblique.
Autre nouveauté, qui est pour le coup le gros changement chez McCarthy, l’agonie de la nature, dans ses précédents romans la nature contrastait avec l’homme. Elle avait beau être sauvage, elle restait plus accueillante que le premier personnage croisé dans les romans de McCarthy. Cette fois ci, dans « La route », nous avons une nature hostile et agonisante, comme si elle faisait payer à l’homme toute la douleur que l’humanité lui a engendrée. D’ailleurs on ne peut que supposer ce qui est arrivé à la Terre, aucune indication n’est donnée par l’auteur. Hiver nucléaire ? Volcan de Yellowstone qui serait rentré en éruption et ses nuages auraient assombri le ciel et tué la nature ? La Terre qui se meurt des conséquences de l’homme ? Tout est possible.
Roman complexe et sombre, apportant beaucoup de réflexions et de doutes quant à la nature de l’homme, « La route » peut être catégorisé comme un « Post-Apo » ou comme un roman d’anticipation, il reste avant tout un des meilleurs livres écrit par McCarthy, peut être le plus sombre, violent et surtout le plus pessimiste. Mais ce contraste entre cette écriture minimaliste et les multiples niveaux d’interprétations du livre donne lieu à une œuvre dense et riche. Par contre âmes sensibles s’abstenir.
251 pages
Éditions Points
Ted