Une Eurydice, maîtresse de sa tragédie ? C’est le postulat de Danse d’atomes d’or, premier roman d’Olivier Liron. Scénariste, dramaturge et comédien, il entre en littérature par une réécriture quasi féministe du mythe d’Orphée et Eurydice.
Passage Rimbaut, dans le T1-bis d’amis, O. rencontre Loren, acrobate volubile et volatile. Dès les premières minutes, Loren devient Eurydice pour un Orphée qui s’ignore. Quelques mois de bonheur volé dans les ruelles parisiennes, entre liberté et funambulisme, étreintes passionnées et romantisme à demi avoué. Seulement, un matin, Loren disparaît. O. a beau demander, ni ses amis, ni les circassiens ne savent où elle s’est enfuit. Au fil des mois, O. perd espoir quand un courrier va tout relancer.
La seule façon de survivre, c’est de ne pas faire toujours la même chose. De bouger, de n’avoir jamais de certitudes. De changer de vie tous les jours. D’envies.
Voici donc O. parti à Tombelaine, patelin normand où il va rencontrer dans un premier temps Cerbère puis Pepita-Jo, la grand-mère de feue Loren. Exilée parlant une langue chatoyante, celle-ci va lui livrer des bribes de vie et lui léguer un journal racontant les derniers mois de Loren. Où l’on apprend que celle-ci, malade, a décidé de fuir à Cuba pour périr en beauté. Sous la chaleur d’un soleil de plomb. Une Eurydice descendue aux Enfers de son plein gré, sans se retourner sur Orphée.
C’est une histoire romantique parce que tout y est sincère et romanesque, parce que tout y est vrai.
Au delà de la relecture – loin d’être inintéressante – du mythe grec, Olivier Liron a un atout incontestable : une écriture emplie de poésie. Mêlant amour de la langue, références improbables, images pleines de drôlerie, il nous emporte dans un univers jamais ennuyeux. S’ill rend hommage au travail de Pina Bauch, il faut néanmoins souligné que son écriture, aussi belle soit-elle, n’a pas encore l’intensité dramatique et animale de la chorégraphe. Cependant, il s’agit ici d’un premier roman, gageons que les suivants seront une montée en puissance de l’écrivain.
Alma éditeur,
234 pages,
Aurore