Premier volet de l’adaptation du roman de Jacqueline Kelly, Calpurnia est une belle découverte aux teintes sépias et lavées rétros mettant en scène une jeune fille du Texas à la curiosité sans borne et au caractère bien trempé.
La jeune Calpurnia est la seule fille d’une fratrie plutôt importante composée de pas moins de 7 enfants; ses frères, elle les adore bien sûr, mais du haut de ses 11 ans elle se sent tiraillée entre son éducation et sa passion pour l’observation des animaux et des insectes, hobby plutôt incongru pour une fillette du XIXème siècle. L’enseignement des bonnes-manières, du maintient et de la façon de tenir une maison la laisse plutôt de marbre, cette Calpurnia enfant-sauvage qui préfère filer en douce se baigner dans les ruisseaux ou capturer les vers de terre! Peut-être que cet interêt lui vient de son grand-père, surnommé Bon Papa et gentiment considéré comme le marginal de la famille. Le nez toujours fourré dans ses livres et bien souvent enfermé dans son laboratoire, il fait un peu peur aux enfants qui n’osent pas l’approcher plus que nécéssaire: car ce fameux Bon Papa est un naturaliste, mais qu’est-ce donc réellement que ce therme bizarre?
Bravant ses craintes, la jeune fille va exposer ses découvertes, ses conclusions scientifiques mais aussi ses doutes et incompréhensions d’adolescente à son grand-père. Un lien très fort se crée bien vite entre ces deux personnages en marge de la société, sensibles aux détails du monde et aux merveilles de la nature. Encouragée par cet homme aussi sage que patient et attentionné malgrè un premier abord austère et étrange, elle va pouvoir développer sa témérité et son sens de l’observation envers la faune et la flore l’entourant, se montrant particulièrement perspicace et dégourdie! Cependant, la naïveté de son jeune âge va entrainer des situations cocasses, notamment car elle ne comprend pas forcément les rapports sociaux qui gravitent autour d’elle: comme par exemple le comportement très étrange de ses frères vis-à-vis de sa meilleure amie Lula, demoiselle aux cheveux d’or aussi douce que belle. Les déboires sentimentaux et la jalousie qui en ressortent lui échappent totalement, contrairement aux parades amoureuses des animaux qui se compliquent moins les choses!
Dans cette bande-dessinée jeunesse rafraichissante et hors du temps, Calpurnia traverse la torpeur de l’été en affirmant son caractère, se plongeant dans sa passion mais aussi en se découvrant des doutes adolescents. Ses interrogations sur le pourquoi et le comment de chaque chose et son penchant pour les sciences naturelles et le naturalisme même contrastent et heurtent les attentes que la société bien pensante projette sur le prisme de la femme et de son rôle au sein de la famille. A sa manière, Calpurnia prône l’indépendance et le droit de suivre son coeur quelque soit son sexe ou sa condition.
D’ailleurs, le dessin élégant et très doux de Daphné Collignon se prête à merveille à cette histoire tendre et à cette héroïne à la fois rebelle et candide. Son trait rond et poétique fait parfaitement écho au récit de ce personnage qui encourage petits et grands à écouter leurs rêves et à prêter attention aux petits détails qui les entourent afin de mieux comprendre les merveilles de la nature tout en se connaissant un peu mieux soit-même.
D’après le roman de Jacqueline Kelly
Editions Rue de Sèvres
88 pages
Caroline