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David Grann – Note américaine

L’Amérique cache bien des secrets dans son placard. Pays en perpétuel évolution et bouillonnement, oscillant entre un nationalisme outrancier et un libéralisme plus que nauséabond, elle n’a de cesse de vouloir s’acheter une image tout en maquillant son passé.

Dans la tradition du roman/ enquête ou roman journalistique, les Etats-Unis nous ont livrés quelques auteurs dont la réputation n’est plus à faire, que ce soit Truman Capote, Jon Krakauer, Ted Conover ou encore William Vollmann pour ne citer qu’eux. Autant d’auteurs que d’Amériques. Car sous ses airs « Unis » l’Amérique reste multiple, une sorte d’Hécate contemporaine, elle tente d’habiller le tout avec un masque unique, mais qui se fissure à chaque instant.

David Grann a bien compris cette multiplicité et a encore plus compris que l’Histoire ne s’écrit que par les hommes blancs dans son pays. Un jour, un historien évoque au détour d’une discussion l’histoire des Osages (tribu indienne) au début du vingtième siècle, d’une série de meurtres d’indiens, David Grann est surpris de ne jamais avoir entendu parler de cette histoire. Ce romancier journaliste va alors entreprendre toutes les démarches nécessaires pour en apprendre le maximum sur ce fait divers et plonger dans les archives sombres et inquiétantes de l’Amérique.

Les Osages sont une tribu indienne, de farouches nomades, aimant la liberté, qui au début du vingtième siècle vont se faire exclure de leur territoire, et se retrouver parqués sur une terre aride, ou rien ne pousse. Peuple fier et malin, ce qui vont les différenciés des autres tribus c’est précisément cette terre !
Une fois parqués, les Osages ont achetés leur nouveau territoire à l’homme blanc, et le hasard faisant plutôt bien les choses, sous leurs pieds… du pétrole !
Le peuple Osage, grâce à la location de parcelles à des entreprises pétrolières va devenir le peuple amérindien le plus riche à avoir existé au début du vingtième siècle. Une richesse qui va attirer les convoitises et jalousies de l’homme blanc. Une richesse qui va être à l’origine d’une série de meurtres d’indiens et de la naissance d’un tout nouveau service fédéral, le FBI.

David Grann avait déjà fait parler de lui avec « Lost City of Z », roman sur la vie de l’explorateur Percy Fawcett, qui était parti s’égarer dans la jungle à la poursuite d’une mystérieuse cité perdue. Ce roman avait donné lieu à une excellente adaptation cinématographique par James Gray. Délaissant la fiction et l’aventure, David Grann, avec Note américaine fournit un excellent travail journalistique, une enquête poussée et richement détaillée fonctionnant sur différents plans. Ainsi nous disposons tout au long du texte, d’un portrait assez complet et complexe des Osages, des blancs habitants sur leur territoire, des détectives privés et du FBI. Un portrait qui ne se contente pas de relater une histoire mais qui pousse l’analyse loin dans le contexte et dans les mentalités de l’époque.

Ne tombant jamais dans le clicher ou le pathos, l’auteur déroule une histoire sous nos yeux captivante et plus qu’intrigante. Une histoire vraie qui sonne encore plus démesurément dingue qu’un polar. Mais l’intelligence de David Grann est aussi de proposer un point de vu multiple, de mélanger les sources et les pistes, d’exposer les différents enjeux, de dresser un portrait global et sans concession. Un très bon travail d’enquête pour un texte percutant.
Une histoire qui à construit l’Amérique.

Editions Globe
Trad. Cyril Gay
352 pages.

Ted

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Fondateur, Chroniqueur

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