Docteur Rat est un brillant spécialiste médical. Depuis le temps qu’il vit dans le laboratoire géré par l’Éminent Professeur, il a assisté à toutes sortes d’expériences, comme la greffe d’ovaires de rates sur le dos d’autres, la pose de parois sur le ventre de jeunes femelles afin d’observer leurs fœtus se faire chatouiller ou encore la castration systématique de ses congénères. Mais surtout, Docteur Rat est persuadé qu’il est du devoir de son espèce, et même du règne animal en général, de mourir afin d’aider la science dans ses recherches les plus importantes. Alors quand quelques rats commencent, suite à l’arrivée de chiens errants, à se rebeller contre l’idée d’être étudiés, torturés puis disséqués, Docteur Rat se dit que l’heure est grave et que le laboratoire est en danger.
Le laboratoire ? Pas seulement, partout dans le monde, les animaux commencent à se regrouper, à former de grands troupeaux, répondant à une sorte d’appel. Que se passe-t-il ? Quelle force mystérieuse contrôle les animaux ? Et surtout, quelle sera la réaction du plus terrible d’entre eux : l’homme ?
Via L’ours est un écrivain comme les autres, Kotzwinkle nous forçait à observer notre rapport à l’incursion de l’animal dans notre vie, utilisant son personnage principal comme un élément déformant notre rapport à l’autre. Cette fois, c’est notre rapport à l’animal que l’auteur questionne, en utilisant son personnage principal comme un élément déformant nos (pires) penchants et les projetant dans son univers animal. Et le constat est sombre, dramatique même. Il prend bien soin de nous rappeler quelle est notre place sur cette Terre, avant de mettre en parallèle les rapports à la vie des animaux et des humains. Alors que les uns s’accommodent de la nature, suivent leurs instincts et vivent parfois le plus tranquillement du monde (tel cet éléphant qui attend la maturation des prunes avant de les déguster), les hominidés, eux, cherchent le contrôle et la fortune. En effet l’argument scientifique s’efface vite devant l’argument financier promouvant ces recherches pour certaines archaïques.
Même si ce livre date (la publication américaine date de 1976), son sujet reste horriblement d’actualité. Un conte macabre mâtiné d’humour grinçant qui remet en perspective les notions de bestialité et d’humanité.
Editions Cambourakis
Traduction: Michel Lederer
278 pages
Jérémy
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