Douglas Coupland est un touche-à-tout, plasticien, designer et auteur, ce canadien a façonné son œuvre par bien des prismes. Auteur d’une dizaine de romans et d’un essai, il ne cesse d’ausculter et décortiquer notre société. Offrant un regard autant tendre que cynique sur ce monde et ses ambivalences. Pour les vingt ans du Diable Vauvert, l’éditeur offre une nouvelle publication et surtout une nouvelle traduction à son chef d’œuvre : Génération X.
La génération X, est cette génération née entre 1960 et 1980. C’est la génération de l’ennui et du temps qui s’écoule sans surprise ni saveur. De cette génération, nous suivons trois amis. Dag, Claire et Andy, qui dans un rejet du modèle consumériste américain et surtout dans le besoin de « sens », ont quitté les mégalopoles américaines pour le désert californien. De cette fuite, et de cette errance autant psychique et physique née une cartographie, celle d’une époque, celle d’une génération, perdue, sans pair pour les accompagner. Petit à petit, une mythologie se construit, un monde aussi fragile que sensible, légèrement cynique, mais toujours dans ce besoin d’authenticité.
Dès lors que retenir de cette réédition ?
Au-delà de la fiction, et avec le recul que nous avons aujourd’hui, Génération X est un témoignage. Un parmi d’autre, sur une époque ou les grains de sable commençaient à enrayer le fonctionnement du « Capitalisme Uber Alles ». Une génération qui commence à déconstruire les rapports sociaux et l’accomplissement dans le travail. Cette génération souvent décrite comme perdue, mais qui aujourd’hui nous le savons, n’aura été que le signal d’alerte de ce que les générations Y et Z se sont pris de plein fouet.
Et cela fonctionne, qu’il est marrant de voir le cynisme du narrateur décortiquer les rituels des rapports sociaux ou des étapes de la vie, du principe de consommation « bien-être » ou encore, à la Palahniuk et en moins schizophrénique, se poser comme témoin passif d’une société en pleine migration, tournée vers l’avenir, mais tout en voulant conserver l’absurdité du passé.
Charles Recoursé a fait un travail remarquable sur la traduction, donnant un vrai coup de jeune et permettant de redécouvrir un texte qui marque autant une époque. Tout comme Delillo et son Cosmopolis, ou Survivant ou Fight Club de Chuck Palahniuk, plus qu’un roman, une véritable réflexion sur cette dernière génération qui aurait réellement pu changer quelque chose, qui en avait conscience, mais qui a finalement décidé d’opter pour le cynisme et rentrer dans le droit chemin.
petite aparté, réflexion que je partage ici, mais qui ne concerne que l’appréciation de l’auteur de l’article, donc à prendre avec les pincettes d’usage. N’ayant pas le niveau culturel adéquat, néanmoins j’ai trouvé, dans génération X une forme de question auquel répondra plus tard David Foster Wallace dans ses œuvres notamment dans l’Oubli et l’Infini comédie.
Au Diable Vauvert,
Trad. Charles Recoursé,
320 pages,
Ted.