Mort est invaincu, invisible et d’albâtre. Il ne présente d’égal que l’Amour à laquelle il fut véritablement lié par le passé. Si les derniers évènements les ont séparés, lui qui la croyait morte, l’avenir qui leur est consacré est aujourd’hui entre leurs mains. Mais Mort sera-t-il capable de la reconquérir ? Quant à lui, se laissera-t-il vraiment apprivoiser ?
East of West n’est pas un remake gore des feux de l’amour mais bien le brasier d’une vengeance terrible. Mort, personnage principal et personnification du concept éponyme, est en possession d’une liste de noms d’hommes qu’il a juré d’éliminer. S’il est de marbre lorsqu’il s’agit d’ôter la vie, il peut à de rares occasions se montrer plus clément. Quoiqu’il en soit si vous prononcez son nom, sachez que la sentence est alors inéluctable, seule la souffrance est amenée à changer.
Ainsi, Mort progresse au cœur d’une Amérique parallèle engagée dans le plus grand complot de l’humanité. Avide de vengeance, il est lui-aussi mortellement recherché par les maîtres de l’Apocalypse bien décidés à écraser le monde. Mais les cavaliers de l’Apocalypse ont été privés d’un de leur précieux membre, c’est donc au nombre de trois et avec l’apparence d’enfants, qu’ils s’éveillent pour accomplir la prophétie. Guerre, Famine et Conquête sont eux aussi des tueurs de sang-froid qui craignent la Mort plus que tout.
East of West ne traite pas de personnages à part entière mais plutôt de concepts dans des corps d’hommes surpuissants, ce qui limite toute compassion à leur égard. A cela s’ajoute une intrigue complexe, tissée au fur et à mesure de la lecture. On ne sait pas grand chose mais étrangement on aime ça ! Cette intrigue houleuse nécessite de bien s’accrocher pour ne pas flancher mais elle réussira aux plus investis des lecteurs. Il faut donc saluer cette prouesse qui fait que de l’incompréhension et du chaos naissent l’attirance et l’engouement pour la suite du récit.
C’est comme un bon vieux western qui aurait été labellisé récit de SF, où les adversaires s’affrontent en duels sanguinaires dans un face à face oppressant au milieu du désert. C’est ce mélange des genres qui crée un univers atypique, unique et terrifiant où la fin du monde n’est qu’une question de temps. Si l’intrigue est au sommet et s’annonce très prometteuse, l’illustration est-elle aussi absolument divine. Le dynamisme des planches et les couleurs, tout en dégradés et contrastes, font des merveilles. Les personnages sont également de superbes vecteurs d’émotions, haine et terreur y sont parfaitement figées.
Cette uchronie est un pari réussi qui offre une chair fraiche et délicieuse aux amoureux de comics déjantés. Sans aucun doute, East of West saura chambouler vos repères pour mieux vous conquérir.
Urban Comics
Tome 1 – La promesse
148 pages
Lucie