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En attendant Bojangles – Olivier Bourdeaut

Depuis début janvier, les journalistes et les blogs littéraires n’ont que ce titre à la bouche : En attendant Bojangles. Pourtant ni la couverture, ni la quatrième ne me donnait envie de lire ce livre. Et puis je me suis lancée. Et c’est un bijou. Premier roman d’Olivier Bourdeaut, En attendant Bojangles est la révélation de cette rentrée, oscillant entre l’Ecume des Jours de Vian et l’univers coloré de Wes Anderson.

En attendant Bojangles raconte l’amour fou d’un couple qui ne supporte que le merveilleux. Accompagnés de leur fils et de Mademoiselle Superfétatoire, oiseau boudeur mais délicat, et parfois de l’Ordure, sénateur alcoolique, Georges et sa femme aux prénoms multiples créent chaque jour un nouvel univers magique. Inventions, mensonges, fêtes alcoolisées et défis enfantins, la famille vit dans un monde parallèle, fait de leurs propres mythologies. Mais entre magie et folie, la frontière est parfois mince. Rénée-Constance-Nécessité n’en fait qu’à sa tête, et suite à la visite d’un inspecteur des impôts, décide de brûler la pyramide de courrier accumulée afin de régler les problèmes d’impayés. Un feu de joie en plein appartement qui va précipiter la chute de la famille. Mais dans cette famille, pas de chute possible. La fête doit continuer, bercée par la chaude voix de Nina Simone qui scelle l’amour des parents.

« Je ne peux pas passer mes journées à vous attendre, je ne peux pas vivre sans vous! Votre place est avec nous deux… Pas une seconde, surtout pas une journée! D’ailleurs, je me demande bien comment font les autres pour vivre sans vous, chuchota-t-elle »

Roman à deux voix, celle de l’enfant et celle du père, En attendant Bojangles construit un monde en huit clos, où l’amour est roi. Les parents sont fous amoureux, au sens premier du terme. Le fils est en admiration perpétuelle pour sa mère. Tous deux vont raconter cette histoire, chacun avec sa poésie et sa part de vérité, l’histoire d’une femme sur le fil, qui vit trop intensément, dont l’esprit déménage parfois dans de lointaines contrées.

« Lors d’un dîner durant lequel un invité n’arrêtait pas de dire “je parie mon slip” à chaque fois qu’il affirmait quelque chose, nous avons vu Maman se lever, remonter sa jupe, baisser sa culotte, l’enlever et la jeter au visage du parieur, pile-poil sur le nez. La culotte avait volé, traversé la table en silence et atterri sur son nez. »

Dans ce premier roman, Olivier Bourdeaut impose déjà la maturité d’un écrivain confirmé. L’écriture est rafraichissante et rythmée, le ton reste espiègle dans les moments tragiques. C’est charmant, c’est délicieux, acidulé, parfois aigre-doux, c’est fantasque et cela tourbillonne comme les robes d’Hortense-Georgette-Pauline. Un livre qu’on ne lâche pas avant la dernière page, et qui ne nous lâche pas après l’avoir refermé.

olivier-bourdeaut-en-attendant-bojangles

Editions Finitude,
160 pages,
Aurore.

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