En dehors des sentiers, une sélection d’albums jeunesse invitant à faire un pas de côté et à appréhender les rapports humains avec bienveillance et amour.
Philosophe autrichien du XXe siècle, Karle Popper est connu pour sa pensée anticonformiste. Alice Brière-Haquet adapte l’une de ses idées pour la jolie collection Philonimo, auprès de l’illustratrice Janik Coat. Ensemble, grâce à des mots simples et des dessins au mouchetage coloré, elles invitent à faire un pas de côté en remettant en question des faits que l’on pense établis. Le Cygne de Popper aborde le principe de réfutabilité en s’appuyant sur l’exemple d’un scientifique qui affirmerait que tous ces oiseaux sont blancs. Combien faut-il alors de cas pour abonder sa théorie ? Une poignée ? Des centaines ? La quantité importe peu, car il suffit d’un seul cygne noir, rose ou encore à pois pour tout démentir.
Ce petit livre illustre l’idée qu’il ne faut pas démontrer à tout prix ce que l’on énonce, mais au contraire creuser pour trouver la faille, continuer à se montrer curieux·se. Une infirmation, même scientifique, doit être interrogée pour ne pas devenir un dogme.
Les cygnes immaculés se multiplient, certains se parent de couleurs vives ou d’un plumage aux drôles de motifs. Leur présence rappelle l’importance de confronter ses réflexions, de ne pas se fier à une première impression et de toujours faire preuve d’ouverture d’esprit. Surtout face aux théories qui semblent les plus immuables.
Le cygne de Popper
d’Alice Brière-Haquet, illustré par Janik Coat
Éditions 3œil, collection Philonimo
32 pages
13 récits fictifs, 13 adolescent·es vivant des amours différents et uniques. Célébrant la pluralité des sentiments, Amour(s) évoque sans jamais nommer, laissant ainsi lecteurs et lectrices découvrir des voies sensibles, mouvantes. Au travers de ces personnages issus de diverses cultures, l’autrice s’affranchit des codes hétéronomés où l’amour se pense d’une seule façon bien régentée.
Ces préjugés sont pourtant bien bien présents, comme autant de barrière et de murs invisibles où se heurtent les protagonistes. Répondre aux attentes de la société, connaître et adopter les normes préconçues, rentrer dans le moule pour fuir les paroles qui blessent et les coups qui percutent, pour éviter de décevoir celles et ceux qui nous sont précieux·ses. Par peur de les perdre ou de se perdre soi-même dans ce palais des glaces où l’amour est bien trop réglementé.
Porté par des dessins délicats faisant écho à l’intime, ce recueil fait résonner la voix des cœurs de celles et ceux qui sont encore sous représenté·es de façon sincère. Par le biais de leur individualité chorale, Amour(s) place des mots sur des situations réelles tout aussi bien marquées par la douceur et la tendresse que trop souvent violentées par une incompréhension haineuse ou d’opinions étriquées. Mais pourtant, au creux de ces histoires qui s’entremêlent et se répondent parfois, c’est l’espoir qui ressort et brille. Car chacune d’entre elles s’achève sur une fin ouverte et positive, un futur plein de promesses où le soutien sera présent, qu’il vienne de la famille, d’ami·es ou d’un·e parfait·e inconnu·e.
Hommage à l’amour sous toutes ses formes, Amour(s) invite à porter un regard bienveillant envers soi-même qu’envers autrui, en acceptant les différentes facettes de ce sentiment lumineux qu’aucun tabou ou rejet ne devrait éclipser.
Amour(s)
de Tess Alexandre, illustré par Camille Deschiens
Les éditions des éléphants
92 pages
Seul au fond dans une modeste cabane nichée au creux d’un cratère volcanique, le sage Laki coule tranquillement ses vieux jours. Un beau matin, un petit bonhomme voltige jusqu’à lui, étincelle de vie et de lumière déposée au hasard des vents. Bousculé dans son isolement, Laki découvre cet être riquiqui débordant d’énergie, chamboulant joyeusement sa routine monotone et ses habitudes. Affectueusement, il va lui offrir le nom d’Hekla, comme un éclat scintillant, un bout de soleil et de feu.
Les semaines laissent placent aux saisons et les deux êtres apprennent à se connaître et à s’apprivoiser. Alors que l’enfant explore ce monde tout neuf qui l’entoure et fait de chaque instant un moment de jeu, le vieil homme prend soin de lui avec tendresse et patience. Mais le poids des années pèse sur lui, et chaque hiver il s’inquiète de sa fin qui approche… Auprès d’Hekla, Laki retrouve la chaleur des relations humaines, l’innocence de l’enfance mais aussi le souci de protéger un être que l’on aime. Pour la première fois, la vie et la mort prennent un nouveau sens dans le secret de son cœur.
Marine Schneider signe un récit majestueux, où chaque page résonne sous les pulsions d’illustrations aux couleurs vibrantes. Inspirée de deux volcans islandais homonymes, l’histoire d’Hekla et Laki est un feu d’artifice de nuances, où se croisent la danse des aurores boréales et les crépitements étincelants des braises. Découpé en deux parties, cet album aborde avec douceur la naissance d’un profond lien intergénérationnel, la solitude brutale du deuil, mais aussi le renouveau offert par les nouveaux horizons d’une vie qui continue malgré tout.
Hekla et Laki
De Marine Schneider
Albin Michel jeunesse
64 pages
Caroline