« On dit qu’au temps de l’Amérique précolombienne, des Vikings venus d’ailleurs arrivèrent en ces lieux. Au terme d’une errance interminable, ils découvrirent les terres du Guairà, au cœur même du Paraguay. Ces seigneurs du froid auraient alors profité de la protection généreuse que leur avaient offerte les Guaranis pour abuser les jeunes filles. Ils les violèrent, les assassinèrent, prétextant célébrer des rites païens. La vengeance des aborigènes fut implacable. Ils pourchassèrent leurs ennemis par toute la forêt, infligèrent à chacun d’eux une mort atroce. Mais un Indien blanc vit le jour et, avec lui, la preuve irréfutable qu’un des envahisseurs était parvenu à échapper a massacre. »
Les vieilles légendes ont la dent dure, et Cristino en fit les frais le jour où il naquit dans une tribu Mbya. Rejeté par les siens, sorte de « Mowgli » albinos cherchant à survivre dans la périphérie de sa tribu, il va se retrouver, malgré lui, seul survivant le jour où des soldats vont massacrer son peuple. Après pas mal de péripéties Cristino se retrouve domestique pour une riche famille paraguayenne, famille qui va contribuer à l’histoire et la révolution du Paraguay dans les années 50-60. Suivant l’évolution de sa famille d’accueil et de son entourage, nous assistons à un tableau loufoque, avec des personnages hauts en couleur et aux passions pour le moins douteuses.
Esteban Bedoya va marquer les esprits avec son second roman traduit en France. Proposant à travers un conte moderne une vision loufoque et tendre de l’histoire du Paraguay, une histoire où se côtoient le réel et la fiction. Une galerie de personnages bizarres – une écrivain nymphomane, un artiste tourmenté, un sadomaschiste, Mengele, etc…- révèle un pays au passé chargé de légendes et de croyances qui s’entrechoquent avec la modernité qu’offrent les occidentaux et le monde moderne.
Court, efficace et intelligent, Le collectionneur d’oreilles finit par faire réfléchir. Et si l’histoire se répétait, et si les Vikings des temps jadis se retrouvaient dans la peau des allemands nazis qui sont venus à la fin de la seconde guerre mondiale, ou les américains qui ont aidé à la révolution.
Dernière Goutte continue son petit bonhomme de chemin et mine de rien, en s’imposant tout doucement comme un révélateur de talents de la grande Amérique Latine, nous offre un catalogue de publications des plus intéressants. Un auteur et une maison d’éditions à suivre de très près.
La dernière goutte éditions
190 pages
Ted.