Ferenc Molnár est très certainement le romancier hongrois le plus populaire que nous connaissions. Avec un roman court, efficace, qui n’est pas sans rappeler la folie et la fraîcheur d’un Mark Twain : Les garçon de la rue Pál.
L’auteur hongrois à pourtant d’autres œuvres, qu’ils s’agissent de romans, de nouvelles ou encore de pièces de théâtre. Mais en hexagone, seulement son troisième roman connu un succès d’estime et populaire en tant que littérature jeunesse. Il fut publié la toute première fois en 1937 par les éditions Delamain et Boutelleau, dans la collection Maïa, avec une traduction d’André Adorjan et Ladislas Gara. Un roman qui connu plusieurs ressorties en France passant d’éditeur en éditeur.
Mais alors pourquoi la nouvelle édition de Tristram serait différente ?
L’excellente nouvelle traduction de Sophie Képès, le respect et l’amour que portent les éditeurs pour ce titre, et enfin une mise en valeur respectueuse de l’œuvre, pour l’importance qu’elle revête. Car oui, comme je disais, les précédentes éditions étaient considérées comme de la littérature jeunesse, et n’ont jamais réellement été valorisées pour l’ampleur de l’œuvre qui parle aussi aux adultes, et peut-être même plus à ses derniers.
« Les garçon de la rue Pál » c’est une histoire de jeunesse, d’amitiés, de jeux et d’enjeux. C’est une histoire qui comporte tout l’univers, tout ce qui fut, est et sera dans un quartier de Budapest. Il y a deux bandes rivales. D’un côté celle qui donne le titre du roman, et de l’autre « Les chemises pourpres ». Ces deux clans ne se côtoient pas, possèdent chacun leur code, leur hiérarchie et surtout leur territoire.
Mais tout va basculer lorsque « Les chemises pourpres » vont vouloir s’approprier le terrain vague des « garçons de la rue Pál ».
Le point de départ plutôt simple et efficace, une rivalité entre deux bandes pour un territoire, permet à Ferenc Molnár de développer plusieurs thématiques bien précises et qui donne une profondeur au roman. Ainsi, l’auteur aborde les thèmes de la loyauté, de l’amitié, de la politique, de la jeunesse, de l’insouciance, ou encore du prolétariat.
Mais ce qui est d’autant plus fort, et ce qui immanquablement fait penser à Mark Twain ou bien à Dickens, c’est le génie de l’auteur à transposer tous ces thèmes à hauteur d’enfant, tout compilé dans un monde qui se limite à un quartier de Budapest.
Et c’est en cela, tout le sel du roman de Ferenc Molnár, tout l’univers est contenu dans ce quartier, et surtout dans ce court roman. Au-delà d’une littérature jeunesse, l’œuvre par ses aspects les plus illustratifs et philosophiques questionne chaque lecteur et lectrice dans son rapport aux autres, à la politique, au monde, et nous nous retrouvons à tout transposer constamment le parcours des personnages dans notre appréciation du réel et du présent.
« Les garçons de la rue Pál » est un grand roman. Un roman d’aventures, un roman d’amitiés, un roman de passion et de tension. Les éditions Tristram lui proposent une republication à la hauteur de la générosité de ses pages. Il est important de souligner le travail de traduction remarquable de Sophie Képès qui permet de redonner une fraîcheur au texte et lui offre un nouveau regard plus tendre et sincère.
Editions Tristram
Trad. Sophie Képès,
182 pages,
Ted.