L’histoire d’un lanceur de bombe : Rudolph Schnaubelt au crépuscule de son existence qui décide de coucher sa vie sur papier. En commençant par sa jeunesse en Allemagne, son immigration aux Etats-Unis, ses débuts prolétaires à New York allant même jusqu’à vivre dans la rue, ses petits boulots tous plus ou moins usant – creuser, dans un caisson hyperbare, les fondations du Brooklyn bridge entre autre – ses premiers reportages en tant que journaliste pour un petit journal. Puis son départ de New York pour Chicago, sa rencontre avec l’envoûtante Elsie, qui lui fit tourner la tête, la violente répression policière contre les ouvriers « étranger » et enfin sa rencontre avec le charismatique et non moins anarchiste Louis Ling. De cette rencontre va naitre une histoire qui va marquer l’Histoire.
Le massacre de Haymarket Place, l’attentat qui tua huit policiers et en blessa des dizaines d’autres. Il fut un tournant majeur dans l’histoire américaine. Franck Harris avec son texte revient sur les évènements de la fin du 19ème siècle qui ont marqué l’histoire américaine, sur les violences policières, la considération pour les travailleurs immigrés, la journée de huit heures de travail etc… toutes ces manifestations qui donnèrent naissance au 1er mai.
Dans un style faussement classique et simple, l’auteur délivre un texte puissant, révélant ce qu’il y a eu de pire en Amérique, les travailleurs exploités, les normes de sécurité sacrifiées sur l’hôtel du profit. Dans « La bombe » il y a du Zola et du Zweig, une écriture rude mais bien enjolivée, un brun de nostalgie et une colère sous jacente. Dennis Lehane ou même George Pelecanos ne doivent pas cracher sur ce livre tant ce texte est précurseur à un genre qui apparaitra des années plus tard : le roman noir.
Un livre à lire qui divertit et nous plonge dans un univers que l’on ne regrettera pas d’avoir connu. Un auteur à la prose classieuse et efficace, mis en avant par le travail de traduction d’Anne-Sylvie Homassel, pour un roman qui prend aux tripes et ne vous lâche pas jusqu’à la dernière page.
Ted.