Depuis 2016, l’association L’esprit du lieu offre à des écrivains et artistes des résidences sur le territoire du lac de Grand-Lieu situé au sud-ouest de Nantes. En plus de cela, elle permet de mettre en avant la particularité de cette zone humide qui borde une métropole et reste riche d’un écosystème à préserver. Les éditions Joca Seria collaborent avec cette association et éditent les livres issus des résidences.
François Bon fut l’un des derniers résidents en date. Il aborde cette résidence d’une manière assez inédite dans Où finit la ville. Il ne s’est pas intéressé directement au lac mais plutôt à ses contours périurbains. En effet, la zone bordant le lac est directement celle où se termine Nantes. François Bon offre une réflexion importante sur ces zones d’entre-deux où la ville semble avaler la campagne.
Dans Où finit la ville, titre qui sonne comme une question, François Bon interroge une urbanisation qui fait fausse route. Il a retrouvé à Grand-Lieu les lumières de son sud-Vendée natal. On le suit au fil du livre, appareil photo en bandoulière, dans des zones où chaque habitant-e semble déplorer le manque d’humanité des projets architecturaux à venir. Il capte l’atmosphère étrange de ce territoire dans de très belles photographies qui illustrent son texte.
Au-delà du constat, François Bon signe un texte sensible, sculpté dans une langue âpre mais remplie de sincérité. C’est un témoignage sur ces territoires à la fois délaissés et convoités. La ville y plane comme une ombre menaçante, mais sa présence est aussi un enjeu vital. L’écrivain n’est pas nostalgique d’un passé glorieux. Au contraire, il développe une réflexion tempérée. Ne pouvant que constater l’échec d’une évolution plus humaine de l’urbanisation, il réussit aussi à dévoiler l’éclat mélancolique qui émane de ces lieux.
Où finit la ville possède beaucoup de résonances. La lecture incite à aller voir ces échos pour mieux capter le propos du livre. Entre les diverses références littéraires et l’évocation des localités, nous sommes invités à découvrir autant de livres que d’espaces. Ainsi, François Bon se fait passeur de curiosité. Sa pensée toujours en éveil se transmet de manière contagieuse et nous laisse avec plus de nourritures que ne contient le livre lui-même.
Joca Seria
70p
Adrien