Laurent Galandon est un scénariste qui donne la parole à ceux que l’on voudrait faire taire et parle de ce que certains voudraient oublier… que ce soit en abordant le génocide arménien dans Le cahier à fleurs, les “gueules cassées” de la première Guerre mondiale dans Pour un peu de bonheur ou encore la lutte ouvrière dans Lip des héros ordinaires. Avec Les innocents coupables, Galandon traite un sujet méconnu : les “bagnes pour enfants” au début du XXe siècle.
En 1912, arrêtés à Paris pour divers larcins, Honoré, Adrien, Miguel et Jean sont condamnés à un long séjour dans un centre pour mineurs à la campagne. C’est en chemin pour la colonie pénitentiaire agricole des Marronniers qu’ils font connaissances et jurent de rester unis pour faire face à cette épreuve.
Très vite les quatre acolytes font face à ce qui les attend : la violence, les abus, les humiliations que ce soit par les gardiens ou par les colons eux-mêmes. S’adapter aux nouvelles règles, ne pas se laisser marcher sur les pieds, ne pas faire confiance à n’importe qui, sont des choses qu’ils apprennent. Par contre devoir subir les coups et les injustices sans rien faire sont des choses qu’ils ont du mal à accepter. Mais tous ne sont pas grandes gueules et bagarreurs, alors chacun fait comme il peut pour sauver sa peau et son honneur…
Tous les moyens sont bons pour assurer sa sécurité, obtenir une faveur : troc, trahison, et parfois devoir allier un ennemi à sa cause… Que ce soit Jean, Miguel, Honoré ou Adrien, tous trainent leurs blessures et leurs secrets du passé, tous doivent affronter avilissement et répression quotidienne, mais tous ont aussi décidé de s’évader… Ils ont pourtant été prévenu : «personne ne s’échappe de cette enfer».
Les innocents coupables est illustré par Anlor qui signe ici sa première série BD. Les dessins sont vivants, les personnages attachants, les regards captivants. On peut y lire les sentiments qui les habitent, l’émotion qui les traverse : la détresse, la joie, la peur, la rage, le soulagement, l’espoir, la détermination… tout est dans les yeux.
éd. Grand Angle, 2011-2012-2013
3 tomes de 48 pages
Pauline