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Couverture du premier roman de Glen James Brown auteur d'"Ironopolis"

Glen James Brown _ Ironopolis

Quelle grande satisfaction nous envahit une fois la dernière page d’Ironopolis tournée !

Le premier roman de Glen James Brown est paru en 2018 en Angleterre où il a reçu un très bon accueil. En France, il a été publié par Les éditions du Typhon et a récemment reçu le prix Millepages décerné par la librairie Millepages de Vincennes. Il a été traduit par Claire Charrier, tout juste sortie de ses études (!).

Ironopolis est un premier roman très réussi, audacieux dans la forme, inspiré dans l’idée, saisissant dans l’ambiance. Aussi nous allons essayer d’expliciter pourquoi il est unique en dégageant quelques arguments que nous espérons convaincants !

La forme au service du fond ou quand modernité et originalité priment

Ironopolis est un texte choral dans lequel l’auteur exploite tous les moyens qui lui sont donnés pour donner sa voix à chaque personnage. À la fois correspondance, journal intime, relation directe ou indirecte etc le texte prend différentes formes et s’y côtoient différents registres. On y rencontre Alan, Corina, Jim, Jean autant d’habitants qui vivent ou ont vécu et se souviennent d’Ironopolis avant la crise et la destruction. Très moderne, cet assemblage astucieux surprend, amuse et donne une densité particulière au texte. Il prépare une fin à la hauteur, que le lecteur découvre après avoir pris un grand plaisir à démêler les fils et déceler les mensonges, percer les mystères.

Avec Ironopolis, Glen James Brown montre qu’en matière de construction narrative, il reste encore beaucoup de pistes à explorer. Lui excelle déjà.

Le témoignage fictionnel de la crise immobilière anglaise

On peut poursuivre en soulignant qu’Ironopolis est parmi bien d’autres choses, un témoignage fictionnel de quelque chose de bien réel, notamment de la crise immobilière qui a sévi dans le nord de l’Angleterre et sévit encore.* En découle que l’on peut rapprocher ce texte des romans « ouvriers » car, sans que les conditions de travail de la classe populaire constituent le sujet du livre, tous les personnages sont issus de la classe laborieuse et rencontrent les difficultés propres à celle-ci.

Notons par ailleurs que dans Ironopolis, le « décor » de l’intrigue s’avère être bien plus que cela et même le sujet de l’histoire.

L’histoire d’une cité qui a englouti les rêves

Ce roman est centré sur un lieu, une cité dont il raconte des bribes d’histoire dispersées et étalées sur 20 ans environ. Très ancré, le texte transporte le lecteur dans l’usine abandonnée, les appartements mal insonorisés, les commerces au bord de la faillite et les pavillons bien rangés mais délabrés. Tout ce qui constitue le paysage d’Ironopolis semble vieilli et flétri et reflète en réalité les rêves des habitants qui, pour la plupart, ont tourné au cauchemar.

Ainsi comme la cité d’Ironopolis a déterminé l’existence de chaque personnage en tout point, elle est décrite comme un cimetière, une prison ou un terrain vague. En toute logique, elle se trouve aussi être le terrain de l’enquête et ses égouts en sont le nœud.

Une enquête sur fond de légende urbaine fantastique

Car effectivement, Ironopolis est un livre d’enquête construit comme un puzzle. Depuis les premières pages, des éléments sont manquants et des personnes, disparues. Une enquête est menée par le lecteur qui se trouve d’abord livré à lui même puis est rejoint par un personnage dont on ne dira pas le nom…

Et ce qui sert de fil conducteur à l’histoire et à l’enquête est une légende urbaine, celle de Peg Powler, la fille verte. Cette légende qui revient comme un refrain (procédé littéraire efficace et franchement habile) et laisse entendre que planerait une malédiction sur les lieux, participe grandement à l’installation d’une ambiance fantastique très prégnante.

Pour conclure

Sur fond d’acid house, d’aboiements de chiens, de canalisations qui hurlent, les ruines du rêve urbain anglais servent de décor à ce premier roman aussi marginal que magistral.

*Ironopolis (ville du fer) est le surnom donné à cette ville industrielle fictionnelle inspirée de Middlesbrough.

Couverture du premier roman de Glen James Brown auteur d'"Ironopolis"

Ironopolis

Glen James Brown

Traduit de l’anglais (Angleterre) par Claire Charrier

Les éditions du Typhon

Collection Après la tempête // 540 pages

Marisol

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