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Greg Egan – À dos de crocodile

Le trentième numéro de l’excellente collection « Un heure lumière » aux éditions Le Bélial, est aussi un nouveau texte, en France, de l’incroyable Greg Egan. Publié en 2005 en Australie, « Riding the Crocodile » est le septième texte de l’auteur publié chez Le Bélial.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur, il s’agit très certainement, avec Ken Liu et Ted Chiang, d’un des écrivains de langue anglo-saxonne ( Asutralie) les plus prometteurs tant part l’originalité des thématiques abordés, que par son érudition et sa qualité d’écriture. Son roman posthumaniste « Diaspora » est une merveille.

Proposant une hard SF plutôt richement fourni, il ne perd pas pour autant son lecteur, même bien au contraire, il le plonge dans des méandres mathématique, métaphysique et quantique hypnotiques en employant souvent le truchement de la philosophie ou du voyage. Toujours fascinant.

Ici, À dos de crocodile, s’intéresse à l’énigme « Les indifférents » , une civilisation extraterrestre au centre de la galaxie ne cherchant aucun contact avec le reste du vivant. Monopolisant le centre galactique avec une frontière défini, personne ne les a jamais vu, ni pu échanger quoi que ce soit avec eux. Les sondes envoyées au-delà de la frontière sont revenues intactes à l’envoyeur.

Un centre galactique plein de mystères, qui intrigue et interroge la méta-civilisation de l’Amalgame et ses milliers de cultures extraterrestres et post-humaines. Parmi eux, se trouvent Jasim et Leila, deux scientifiques, deux post- humanistes ayant abondonnés le corps biologiques pour vivre des milliers d’années. S’intéressant de prêt aux Indifférents, ils entreprennent de se donner les moyens pour les rencontrer, du moins entrer en contact avec eux, un dernier coup d’éclat avant de se laisser mourir.

Et c’est ainsi qu’en moins de cent pages, vous allez faire un des plus grand voyage de votre vie. Questionnant sans cesse sur la valeur de la vie ainsi que sur la nécessité du contact, l’indifférence apparente de cette civilisation déconcerte autant qu’elle magnétise. Ainsi, le lecteur se surprend à vouloir comprendre et entendre cette vie extraterrestre, l’enjeu de deux chercheurs devient la nécessité de tous lecteurs.

Jamais manichéen, le récit ne s’offre pas comme un texte de conquête, ni de domination, ici le premier contact se veut pacifique et constructif, dans l’échange et l’apport. Nous sommes en cela assez proche des enjeux de l’Ecumen de chez Le Guin.

Á la lecture de cette novella, jamais l’immensité de l’espace vous aura paru autant peuplé et vide à la fois. Une immensité et une démesure incroyable s’imposent chez le lecteur grâce aux ellipses nous faisant faire des bons gigantesques dans le temps.

Ici, le final n’est pas l’intérêt, le voyage à beaucoup plus à dire et dévoiler sur nous, sur nos connaissances et sur la perception de notre univers. Il y a de la finesse et beaucoup, énormément même, d’intelligence dans le récit de Greg Egan. Son texte peut paraître exotique de prime abord, mais, prenons le pari, vous finirez avec une petite boule au ventre, et une furieuse envie de refaire ce voyage !

Un bijou.

Le Bélial,
Une heure lumière,
Trad. Francis Lustman,
94 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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2 Commentaires

  1. Un écrivain prometteur ? Il y a bien longtemps qu’il écrit et nous éblouis à chaque fois. A mon avis, bien plus que prometteur, l’un des grands de la SF.

    • Bonjour Pascal,
      erreur de ma part effectivement, je n’avais pas mesuré l’entièreté de l’oeuvre. Je n’ai pas eu le recul necessairelors de l’écriture de mon article. Aujourd’hui, et après avoir lu Isolation, Axiomatique et Océanique depuis, je me rends bien compte du gigantisme de l’auteur ! Fascinant !

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