Voici le terme qui me parait le mieux définir ce roman : roman plaisir.
J’aime beaucoup l’expression « page-turner » pour évoquer ce genre de livres que l’on peut lire vite et facilement, qui nous embarquent dans une aventure incroyable avec des rebondissements dignes de « 24h chrono », mais ce terme anglais est devenu un fourre-tout et je l’ai même vu dans une chronique récemment à propos d’auteurs comme Thomas Pynchon ou Vollmann… Donc « Et qu’advienne le chaos » est plutôt un roman plaisir. Il a pour but de nous divertir un moment et de nous laisser un bon souvenir quand on se remémore l’histoire quelques temps plus tard.
Le récit se concentre sur un groupe de personnages, surtout trois, qui gravitent autour d’une découverte scientifique majeure. Une découverte scientifique qui peut isoler les humains les uns des autres, car l’humanité est divisée en groupe de 1 à 99 personnes par « calque » et que cet empilage de calques fait l’humanité que nous sommes. Mais voilà, Mikael Korta, misanthrope et scientifique de génie, a trouvé le moyen d’isoler de manière temporaire et/ou définitive un calque. En parallèle nous suivons la vie d’une de ses collègues anglaises, d’un avocat, lui aussi anglais, ainsi que d’un magicien, un tueur à gage, une femme de ménage et un psychanalyste qui lèche tout ce qu’il peut pour se prouver que ce qu’il lèche existe.
Mais que peut bien faire un scientifique à moitié taré et misanthrope avec une telle découverte ? Et surtout pourquoi autant de personnages dans cette histoire ?
Je ne suis pas amateur de ce type de livre, la S-F d’aventure m’évoque des squatteurs de tête de gondole de supermarché, des histoires faussement intéressantes et un niveau d’écriture encore plus catastrophique que Daniel Steele. Donc j’étais assez craintif à l’idée de lire ce roman.
Mais voila à peine ouvert il se passe un truc, la magie opère et je me retrouve à dévorer « Et qu’advienne le chaos » comme je dévore un Tom Robbins ou un Vonnegut, avec le même plaisir. Oui ce n’est pas vraiment comparable, mais le plaisir y est, l’ambiance globale et le rythme fonctionnent et les personnages sont intéressants. L’histoire et la théorie des calques sont intelligents et le tout comme je le disais plus tôt donne lieu à un formidable roman d’aventure S-F.
Le Tripode
Collection Météores
250 pages
Ted